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Les portes ouvertes
prose [ ]

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par [erableamots ]

2005-12-13  |     | 



LES PORTES OUVERTES


Je laisse toujours un pain sur la table, un chant d’oiseau pour les aveugles Je laisse toujours un mot sur la porte, une lumière dans la nuit, des blancs entre les mots. Je laisse la porte ouverte aux voleurs et aux fées. Je laisse un os pour mon loup, une fleur dans le pierrier des morts. Je laisse la parole aux pierres du chemin, aux épinettes, à la ligne d’horizon et aux épouvantails. Je laisse la haine aux militaires et la mort aux banquiers. Je laisse leurs poupées aux vieilles femmes indignes, leur espoir aux chevreuils et les cheveux au vent. Je laisse pousser la laine sur le dos des moutons, le cidre dans les pommes, la mémoire du bois sur les tables bancales. Il y a des bateaux qui font le tour du monde dans les yeux des enfants. J’enlève la poussière sur les meubles du cœur, les housses sur la vie. Je laisse le temps porter un pantalon de sable, une chemise de mer, l’été rester debout sur ses petites pattes vertes. Je laisse l’abeille au cou des fleurs, une lettre à la poste, tout un jeu d’alphabet dans la mémoire des choses Sur le pont du silence, aucun mot ne vaut un geste. Je laisse le temps passer de la neige à la terre, la mer rouler des hanches et les plus jeunes étoiles traire la voie lactée.

Je laisse toujours en plan des poèmes à la nuit, du terreau pour les plantes, un verre d’eau pour la soif, des notes en bas de page qui tachent les rues d’encre. Nous sommes tous un peu de la même blessure ou nés de la même mer d’une étoile inconnue. Nous sommes tous les flammes d’un immense brasier, les lèvres d’un baiser qui tarde à éclore. Il n’y a plus assez de place pour tout remettre en place. Je garde un œil ouvert, une main tendue, un double de nos gestes dans les plis de la nappe. J’ajoute les images aux dialogues de sourds, des rides aux apparences, des routes aux pas perdus, des lèvres aux bouche à bouche. Dans les musées de cire, j’ajoute le soleil comme une ombre au tableau. Quand on n’est que poussière, on redoute le vent. Les idées prennent des rides mais le parfum des mots en sème de nouvelles. J’ajoute la tempête dans les portes tournantes, l’orage des passions dans les vitrines modèles, une brouette en bois dans un parking d’autos. J’aurais honte de mourir en habit noir, empesé comme un chèque. Je veux vivre en amour, saboter le malheur, changer les poignées de porte pour une poignée de main et les clefs par un mot.

Je laisse toujours des rêves à sécher sur la corde, des pieds sur la galerie pour les pieds bots qui passent, des gants pour les manchots qui gèlent encore des doigts. Il y en a qui font naufrage sur des radeaux de papier, des bateaux en bouteille et des tapis volants. Je marche sur les mots. Je marche sur les mains. J’ai du sang sur les pas. J’essaie de tenir debout dans ma propre cervelle. J’essaie de tenir le temps sur les aiguilles de pin. J’essaie d’apprendre à lire les lignes d’horizon. Je repasse d’un rire les mauvais plis du temps. Je n’invente rien. Je laisse l’inconnu corriger mes brouillons. Je laisse la parole au moindre musicien, ma langue au chat, ma laine aux mythes. Je laisse la mémoire aux toiles d’araignée. Je laisse tourner les pages comme on tourne de l’œil. Je ne vends pas mes mots, je souffre à compte d’auteur. Je laisse la lumière dans les chambres d’enfant et les oursons de peluche manger les cauchemars. Je laisse les oiseaux tatouer le matin, les vergers faire briller leurs muscles de pommier.

Je laisse le vent sculpter le grand géant de l’herbe, la ligne d’horizon chercher sa courbe au ras de l’œil. Je laisse les mots s’approcher du silence pour toucher l’intouchable. Les morts n’emportent pas leurs mots. On les entend qui poussent la pierre du silence dans une langue unique. On connaît tout sans le connaître. On oublie par orgueil ce que la pierre sait. On cherche par la danse. On cherche par le souffle. On cherche par la vie. On cherche par les mots à traverser le monde sans piétiner l’espoir.

13 décembre 2005


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