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Nouvelle-Orléans, déjà-vu
prose [ ]
Andreï Codrescu

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par [NMP ]

2005-11-08  |     | 



Nouvelle-Orléans, déjà-vu

Les gens reviennent vérifier leurs propriétés, en majorité des hommes. Femmes et familles sont restées à l’arrière, dans leurs lieux d’exil. La ville est encore pleine de soldats et la population qui rentre a un peu un sentiment de déjà-vu. C’est un déjà-vu ancien, le contre-coup de la Guerre Civile. Une femme de mes amies n’aime pas marcher seule. Elle sait que les soldats sont là pour la protéger, mais ce sont de jeunes hommes qui ont entendu parler de la Nouvelle-Orléans. Ces temps-ci rappellent l’époque de la Guerre Civile, lorsque l’on interdisait aux femmes créoles de la Nouvelle-Orléans de regarder les soldats de l’Union. La nouvelle Reconstruction présente d’autres aspects familiers. « la ville grouille de marchands de tapis » me dit mon ami Jimmy, un ancien New-Orléanais. C’est vrai. Des entrepreneurs venus de partout et des travailleurs affluent dans la ville pour des jobs immédiats et bien payés. Il y en a pour des années à évacuer les débris, pour la plupart des choses personnelles, appartenant à des gens ruinés par l’eau, allant des photos de bébé jusqu’aux souvenirs de voyage. C’est mieux que ce soient des gens étrangers à la ville qui fassent cela. Il y a une crise du logement individuel alors que les institutions de base redémarrent, et l’immobilier s’est envolé. La ville haute est au sec, mais retourne à l’état de jungle. C’est là où se trouvent les plus belles maisons et où les citoyens les plus fortunés employaient des armées de domestiques de l’autre côté des routes pour surveiller leurs enfants, et garder leurs jardins et leurs pelouses. Beaucoup de ces domestiques vivaient dans des voisinages qui n’existent plus. Certains d’entre eux sont toujours dans des abris ailleurs, et d’autres ont déjà recommencé leur vie dans d’autres villes. Les bailleurs ne peuvent pas expulser, car leurs locataires dispersés ne sont pas revenus, il y a des baux, et il y a un gel des expulsions. Beaucoup de jeunes professionnels dont les impôts permettaient à la ville de fonctionner ne reviendront pas de toutes façons : ils ont déjà acheté des maisons ailleurs et trouvé un nouvel emploi dans d’autres villes. Toute cette détresse n’empêche pas les investisseurs de l’immobilier d’aussi loin que la Californie d’acheter des étendues de terrain inondé non visible. La spéculation est fiévreuse. La seule chose qui retienne les spéculateurs est que la plupart des titres de propriété sont en train de sécher dans des congélateurs à Boston, après avoir été inondés dans les sous-sols de l’hôtel de ville. Certaines transactions mettront des années pour être démêlées. Les affaires civiles et les procès pour malversations ont également été gelées, le retard dans les tribunaux sera donc phénoménal. Dès à présent, un tribunal municipal fonctionne à Greyhound, dans la station d’autobus qui a également servi de prison pendant et après les tempêtes. Jimmy prédit que la population va retourner aux niveaux des années 1870. Ils en étaient restés là après la Guerre Civile. Les pionniers les plus déterminés à rallumer les braises de l’esprit de la Nouvelle-Orléans sont les artistes. Le Gold Mine Saloon tient ses micros provocants ouverts tous les jeudis et sert gratuitement des haricots rouges et du riz. Le secret de la Nouvelle-Orléans, c’est qu’elle n’a jamais été dépendante de la gentillesse des étrangers : elle a toujours maintenu sa richesse psychique au cœur de la nuit. L’Amérique n’a jamais été trop zélée dans cette ville : construite par les Français, façonnée par les Espagnols, divisée par un terrain neutre qui a maintenu les créoles et les américains à part, la ville était plus poétique et moins rationnelle que toute autre. Il eût mieux valu pour son histoire de marcher progressivement vers l’avant. Au lieu de cela, l’histoire de la Nouvelle-Orléans se déplace en cercles concentriques à l’intérieur d’un miroir. Heureusement, les couvre-feux ont été repoussés de minuit à 02 heures du matin, et la vie noctambule ne saurait tarder à revenir entièrement. Après cela, ce sera la Reconstruction, la Grande Dépression, le WPA, et l’Age d’Or du mécontentement artistique.

Andreï Codrescu

(Traduction : Nicole Pottier)

* Texte traduit et publié avec l'autorisation de l'auteur.

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