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■ Magnolia
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2021-11-24 | |
À mon fils Louis-André et à ses deux petites filles Mélanie et Anne-Marie
1 C'est une histoire incroyable me direz-vous, mais c'est pourtant ce qui est arrivé à un vieil ami disparu depuis peu. Ses parents avaient habité plusieurs années en Afrique dans les années fin cinquante. Comme tout bon petit Québécois de l'époque, on aimait être missionnaire et partir sauver le monde de la misère, du communisme ou encore du paganisme. Était-ce au Gabon ou au Ghana, je ne m'en souviens plus. Je ne me rappelle que de l'étrange histoire du petit garçon qui en s'amusant dans la brousse, entendit gémir un petit chien. Il devait être rudement affamé pour se lamenter comme ça. Mon ami le prit dans ses bras et le ramena chez lui pour lui donner du lait. Tout fier de sa bonne action, il s'écria en voyant ses parents rentrer du travail à la maison : -Regardez, j'ai trouvé ce beau p'tit chien et je l'ai soigné ! Estomaquée sa mère lui cria : -Mais Louis, ce n'est pas un p'tit chien ! C'est un lionceau ! Fais attention, il pourrait te mordre et te faire mal ! -Non, non, non maman, c'est un p'tit chien que j'ai trouvé et je le garde ! Quand on a un paternel biologiste, on ne discute pas bien gros laquelle des deux versions était la bonne. -Louis, tu as trouvé ce lionceau-là où ? -Derrière le bosquet là -bas dans les hautes herbes. -Alors, on ira le reporter où tu l'as trouvé. -Non, non et non. Il est à moi et je le garde. Peine perdue. Ni les pleurs, ni les accès de colère du gamin n'ont donné des résultats. Alors Louis opta pour la ruse. Il décida de ne pas contredire son papa et lui promit d'aller rapporter lui-même le lionceau. Bien sûr, le petit garçon avait un plan derrière la tête. Il allait plutôt cacher le lionceau dans une vieille cabane qu'il avait construite avec des amis pour jouer en bordure d'un bosquet pas trop loin de chez lui. Le manège fonctionna quelques semaines. Le gamin trouva mil excuses pour s'absenter durant une partie des vacances d'été pour aller nourrir et surtout s'amuser avec son nouvel ami. Puis un jour, sa mère s'inquiétait de voir disparaître du frigo des dizaines et des dizaines de denrées. Peut-être, était-ce son mari qui faisait des razzias dans le frigo avant de partir très tôt dans ses nombreuses excursions sur le terrain. Enfin, un bon jour, elle décida de faire le guet et le chat sortit du sac. C'était bel et bien son propre gamin qui, sans faire de bruit et en catimini, volait de la nourriture... Mais pourquoi et pour qui ? Elle décida de le suivre et le mystère s'éclaircit lorsque Louis entra dans sa cachette, la vieille cabane à l'orée du bois. -Pas possible mon garçon ! Mais c'est ton lionceau ! Tu nous avais dit que tu l'avais remis en liberté ! En le voyant s'amuser avec l'animal qui avait déjà grandi, sa mère prit peur. -Louis, tu ne peux pas le garder. Tu dois lui redonner sa liberté... Hum, vous vous demandez ce qui est arrivé, hein ? Curieux et curieuse, va ! Ok. Je vous donne la suite. 2 Oui, depuis que sa mère avait mis à jour son stratagème pour garder Léo le lionceau, mon ami restait inconsolable. Pleurs, hurlements, grincements de dents, vaisselles cassées, le gamin n’a jamais pardonné à ses parents d’avoir volé l’animal de ses rêves. -Louis, je l’ai remis entre bonnes mains, se plaisait à le rassurer son père. Comment pouvait-il être si sûr et si certain d’avoir remis le lionceau entre bonnes mains ? Tout se précipita dans les semaines qui suivirent. Après cinq années, le contrat de ses parents se terminait en fin d’été et il est retourné vivre avec eux au Canada. C’est bien à contrecœur que Louis dut suivre ses parents car une partie de son cœur était resté en Afrique. -J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps et je n’ai jamais pu oublier totalement la perte de mon cher lionceau, me racontait-il autour d’un pot de bière. Comble de malheur, quelques années plus tard, ses parents se séparèrent et sa mère, Irlandaise, retourna chez elle à Belfast, laissant le gamin devenu ado terminé son année scolaire au Canada. Il était entendu qu’il irait rejoindre sa mère durant les vacances d’été et que s’il aimait ce nouveau décor, il pourrait continuer son école en Irlande. Ce n’est donc pas de gaîté de cœur que Louis partit rejoindre sa mère là -bas mais, quand même, il n’avait jamais pardonné à son père l’odieuse faute de lui avoir enlevé autrefois son animal préféré. Un peu d’air et d’espace entre lui et son paternel lui ferait peut-être grand bien. Les premières semaines à Belfast lui parurent insupportables. Tout était si différent pour lui en Irlande du Nord. Puis, un jour se produisit le miracle ! Sa mère pour tromper l’ennui et la détresse de son fils malheureux lui proposa ceci : -Tu sais Louis, ici à Belfast, on a un beau zoo. Que dirais-tu si nous allions le visiter ? -Un zoo, un zoo, mais maman, qu’est-ce qu’il y a de si intéressant dans un zoo ? -Tu vas pouvoir voir toutes sortes d’animaux ! Des girafes, des zèbres, des éléphants, des tigres, des lions… -Des lions ? Tu es sûre qu’il y a des lions, maman ? -Oui, il me semble qu’il y a des lions aussi. Du moins, je crois bien. C’est étrange car au seul mot « lion », Louis n’a pu faire autrement que de penser à ce passé lointain en Afrique : souvenirs heureux et si malheureux à la fois. -Ok, maman, allons-y faire un tour. Sa mère eut la nette impression de le voir sourire pour la première fois depuis qu’il était arrivé en Irlande. Aussitôt promis, aussitôt fait. Sa mère sauta dans l’auto après avoir préparé un lunch pour deux et fila tout de go au zoo. Elle n’avait jamais vu son fils si heureux en compagnie de singes, léopards, tapirs, zèbres, éléphants, girafes et… -Mais que se passe-t-il là -bas. Pourquoi tous ces cris de panique, hurla sa mère à une touriste. -Oh my God ! lui dit-elle, je crois qu’une personne est tombée dans l’enclos des lions. -Quoi ? Qu’est-ce que tu dis ? Et où est passé Louis ? hurla-t-elle pressentant une catastrophe. Elle se précipita vers la section des animaux africains et resta éberluée devant un spectacle à peine croyable. C’était bien son fils Louis assis dans l’enclos et caressant la crinière du lion gentiment couché à ses côtés. Les deux vieux comparses d’autrefois s’étaient reconnus et leurs retrouvailles avaient médusé touristes et gardiens. Vous connaissez la suite. Louis ne retourna jamais au Canada. Il poursuivit ses études ici à Belfast et il devint gardien du zoo. Il apprit beaucoup plus tard que son père avait donné son lionceau à un ami là -bas en Afrique dont l’épouse travaillait dans le zoo de la capitale. Paraîtrait-il que les directions de zoo du monde entier tissent des liens fort étroits, un peu à l’image que Louis et son lionceau ont su tisser au cours des années. Fin |
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