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agonia Textes Recommandés
■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2020-05-28 | | Moi, Armance, la fille du seigneur du village J'aime le fils du bouvier Alfred C'est un damoiseau roux et au doux visage Moi, Armance, la fille du seigneur du village J'aime le fils du bouvier Alfred Sa tête est ronde comme un ballon joufflu souriant Et sa chevelure rouge feu est toute frisée Hier ma main a joué dans ses boucles Hier mes lèvres ont flûté sur sa bouche Qui goûtait le trèfle et la rose Moi, Armance, la fille du seigneur du village Je demeure à plusieurs lieues de Mont-de-Marsan Et c'est près de l'Adour Que j'ai vu ruisseler mes amours Avec le fils du bouvier Alfred Moi, Armance, la fille du seigneur du village J'ai vu partir ce matin à l'aube Le bouvier Alfred et son fils À Saint-Jacques-de-Compostelle Ils vont tous deux prier ensemble Au pied du tombeau du saint apôtre Mon bien-aimé m'a dit que sa mère souffre de la gravelle Moi, Armance, la fille du seigneur du village Un peu avant que le soleil ne se lève Sur le bout des pieds et à pas de lynx Je me suis rendue à demi vêtue Près de la couche du fils du bouvier Alfred Je lui ai dit de me serrer très très fort Car je désirais que l'Adour Se souvienne de nos amours Moi, Armance, la fille du seigneur du village Je me suis offerte au fils du bouvier Alfred Dans cette nuit chaude et étoilée Comme une orchidée Je me suis étendue nue près de lui sur sa couche Qui sentait la paille fraîche et le foin sec Sa main a joué dans mes boucles Ses lèvres ont flûté sur ma bouche Qui goûtait le jasmin et la cannelle Moi, Armance, la fille du seigneur du village J'aime le fils du bouvier Alfred C'est un damoiseau roux et au doux visage Son corps est aussi souple et langoureux qu'une loutre Il est parti tôt au petit matin À Saint-Jacques-de-Compostelle avec son paternel Prier pour sa mère qui se meurt de la gravelle Moi, Armance, la fille du seigneur du village J'aime le fils du bouvier Alfred Qui m'a rendue près de l'Adour demoiselle Je ne suis plus pucelle Je ne suis plus oiselle Et je sais maintenant ce qu'est l'amour Moi, Armance, la fille du seigneur du village J'aime le fils du bouvier Alfred Il m'a prise au petit matin sur sa couche Couverte de paille fraîche, de mil et de luzerne Il me fit sa mie chérie Son amie pour la vie Reviendra-t-il de Compostelle En passant encore près de l'Adour Au pays des Landes et au pays de nos amours? Moi, Armance, la fille du seigneur du village J'aime le fils du bouvier Alfred J'attendrai toujours son retour Où l'Adour a chanté nos amours Mais si de sa belle Armance il n'a plus souvenance De peine et de souffrance vais-je en mourir? Moi, Armance, la fille du seigneur du village J'aime le fils du bouvier Alfred Mon coeur pleure sa joie Et mes lèvres rient sa peine Reviendra-t-il un beau jour Près de l'Adour serrer très très fort Le corps de sa belle demoiselle Armance encore? Sa mie chérie? Son amie pour la vie? Moi, Armance, la fille du seigneur du village J'aime le fils du bouvier Alfred C'est un damoiseau roux et au doux visage (À la mémoire de mon vieil ami Maurice Descotes, décédé à l'âge de 77 ans le 2 septembre 2000, professeur de littérature française aux universités McGill (Montréal) et Pau. M. Descotes m'avait demandé en 1983 la permission de lire cette ballade médiévale en pays des Landes à ses collègues et ses étudiants/tes)
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