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De l'écriture
prose [ ]
Magie noire sur magie blanche

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par [Reumond ]

2016-06-05  |     | 



Dédicace : à Roger Bacon, Nicolas Flamel et Fulcanelli, entre autres.




Avant-propos


De l’atelier d’écriture au laboratoire, du papier cru au papier cuit, avec le lisier des encres noires, le barde bleu déposait ses os comme des pensées, un à un, tels des pictogrammes sur l’argile fragile des phrases ; car le barde était aussi un nécromancien qui abusait des langues mortes et de quelques diableries, dont celle de l’écriture automatique et de mots dans tous leurs états de mot en décomposition comme des Cadavres-exquis.

Des mots dans tous leurs états d’âme, d’esprit ou de conscience, et dans tous leurs sens possibles et impossibles (sensation, signification et direction).
Entre le labo quantique, le scriptorium et l’oratoire ; de phantasme en fantasme et de mirage en véritables miracles, les mots s’inscrivent dans l’espace bleu des rêves.

Du Grand Albert au Grand Robert, entre l’art de conjuguer de Bescherelle et l’art de transmuter de Nicolas Flamel, le Barde bleu voyage comme il a toujours voyagé entre l’imaginaire et la réalité, mais jamais dans le Réel, il n’est pas dupe ! mais toujours, il tente de compenser la force giratoire des ans et des choses qui se perdent en grands tournis mondains.

Quand l’ensorcellement des dollars et des best-sellers ont remplacé les grands grimoires d’autrefois, le monde perd toute sa magie et son enchantement !

On dit même dans mon dos que j’ai les grandes clavicules de Salomon (une variété ésotérique de Gidouille), j’ai donc bon dos ! Après avoir visité les extrêmes du monde avec Dante Alighieri, joué à la roulette russe avec le Faust de Goethe, et fait tourner quelques guéridons avec Victor Hugo, je pense qu’il est temps de visiter quelques ailleurs.

Dans le laboratoire du docteur Faust, en compagnie des fantômes de Guy de Maupassant et d’Edgar Allan Poe, j’ai moi-même durant de nombreuses années de jeûne et de prière, étudié la kabbale juive et travaillé le pouvoir caché des mots déjà bien connu de Gérard de Nerval, de Villiers de L’Isle-Adam, et de bien d’autres Arthur Rimbaud. Et depuis ce monde d’éprouvettes linguistiques et de cornues métaphysiques, dans une vision quasi kabbalistique, je n’ai jamais cessé de dresser l’un sur l’autre les mots, Babel fragile de cartes à jouer, car, comme le disait Stéphane Mallarmé « Ce n’est pas avec des idées que l’on fait des vers, c’est avec des mots », avec des mots à déconstruire l’illusion, des mots à évider les évidences, et c’est ainsi que dans un dernier tour de cartes qui relève d’un authentique tarot de la déconstruction, je me laisserais emporté par le dieu Pan lui-même au-delà des nuages du dedans.

Le Barde bleu se sait fragile, avec un zeste de nostalgie, entre le ciel intérieur et la mondialisation des choses profanes, il ne lui reste plus que le suicide par pendaison à un point de suspension ; il ne lui reste que la dissolution totale dans l’acide des mots.

Que faire, sinon tuer le temps à la sueur d’une sorte de tarot divinatoire, ou chaque mot est une carte vide, en laissant le cancer des mots produire ses métastases sémantiques. Oui, le Barde bleu, pleure sur la margelle des pages, il ne lui reste plus qu’à se laisser mourir en abrégeant peu à peu ses phrases et en mettant à mort jusqu’aux verbes vivre et aimer, avant de s’immoler dans un autodafé final, tel celui de cette extraordinaire Symphonie fantastique de Berlioz, ou encore en se laissant emporté par les anges sur un dernier mouvement qui serait par exemple, aussi grandiose aussi beau, que celui d’une 8th symphonie de Gustav Mahler.

Sans se rétracter, tout en se contractant une dernière fois avec le temps dans l’expansion de l’Univers; dans un dernier spasme de stylo, le Barde bleu se laissera saigner à blanc sur du papier noir, ne laissant là qu’une trace invisible, presque sympathique.

De la magie noire sur magie blanche

Sur le terreau du langage, depuis bien longtemps, mais plus exactement à partir de ma douzième année, je cultive cette capacité étrange de tisser, de croiser et de faire lien de toute expression. Je suis un monstre des loch-utions !

Les gros mots comme les grosses eaux, les mots forts comme des eaux fortes, chez moi, tout concoure au langage métaphorique comme-ci tout participait d’une éternelle cosmologie analogique.

C’est la raison pour laquelle l’aquafortiste, d’une certaine manière, ressemble au poète, les fumées qui sont “l’esprit de nitre” de l’alchimie sont comparable à l’esprit des mots les plus fumants, les plus subtils ou les plus volatils du poète. L’encre n’est-elle pas l’aqua-fortis ou l’aqua vitae des alchimistes modernes, ceux qui écrivent avec Windows sans l’aide d’un quelconque acide en dehors de la mordance même du langage ?

Dès les origines du langage, les mots de la pensée étaient la matière première (materia prima) de toute création ; c’est ainsi que les dieux ont créé en parlant entre eux de tout et de rien car tout était vide - car ils parlaient beaucoup ayant l’éternité pour eux. Et c’est ainsi également que de causes en causer, les choses furent de mercure, d’or et d’argent.

Les mots de la pensée primale était l’acide de la source (acetum fontis) corrosive et puissance qui dissout toutes les choses créées et conduit ainsi au lapis philosophorum, l’éternelle pierre philosophale sur laquelle on aiguise tous les stylets et les stylos de la création.

Laboratoire - Écritoire - Oratoire

Du laboratoire à l’écritoire, ces analogies peuvent vous paraître exagérées, mais, quelle que soit la manière de penser,

"la matière avec laquelle nous pensons est langage"
(C.G.Jung Métamorphoses de l’âme et ses symboles),

Mais elle est avant tout matière, rien n'étant avant toute matière ! Et le langage, dans son essence même est le signe et le symbole d’une présence autre, celle du verbe qui (se) fait mot comme on fait mouche.

Que la gravure soit évidée ou en relief, qu’importe le creux ou la saillie, ce qui compte c’est le sens, l'idée de donner vie aux moindres détails, de redonner vie aux choses mortes et aux mots les plus usuels. Qu’il s’agisse de tracer des traits, de laisser des traces ou des rides comme des altérations, dans une démarche où le stylo bille vaut bien une pointe sèche, et où l’art d’écrire ou de créer est toujours un grand art.

Qu’il s’agisse de prier ou d’écrire, les mots s’imposent aux maux du moment.

Qu’il s’agisse de calligraphier ou de peindre, de taguer ou de tatouer, de clamer ou de slamer, de graver ou de sculpter, les pensées agissent.

Comme les alchimistes d’hier, en mettant bout à bout les choses comme les mots, les couleurs et les formes, les odeurs et les matières, on crée de l’émotion, et nous entrons là dans un véritable processus de métamorphose de l’âme.

Qu’il s’agisse d’écrire des poèmes ou de raconter des histoires à ses petits-enfants, chacun de nous porte en lui le verbe comme une femme porte un bébé. Des premiers cris aux premiers balbutiements, des premiers mots jusqu’aux derniers, chacun de nous est un porteur de verbe, un verbum tabellarius, afin que Le Logos puisse se dire à travers nous comme l’esprit s’exprime à travers toute matière et que toute matière se joue naturellement de l’esprit des choses, sur l'écritoire des vents à l'écoute des muses.

C’est même la propre nature des choses que de se dire, et c’est la nature des choses que de causer. Lucrèce, au livre V dans son De Natura Rerum, ne dit rien d’autre, lui qui parle du « doux langage des muses » comme Arthur Rimbaud parlait de « l’alchimie du verbe ».

Tout langage engage l’être ; petits enfants, maintenus dans notre impuissance de nous exprimer avec des mots, nous avions le geste habile pour montrer du doigt tout ce que la nature nous offrait; aujourd’hui, pareillement mus par le même verbe, nous montrons du stylo ce que la nature des choses nous inspire. Si dès nos origines animales la nature nous poussa à émettre des cris et des sons pour assigner à telle chose, à tel danger ou à tel besoin une réalité sonore, puis un nom pour chaque cause et chaque chose ; reliant la parole aux gestes et la geste aux mots, dans chaque langue et langage, nous avons tissé, relié, croisé le monde aux mots. Si Lucrèce pensait que le langage était d'origine naturelle et instinctive, pour ma part, je pense… avec des mots, même que les mots de ma pensée me pensent, pour que je puisse moi-même panser mes maux les plus profonds.

C’est ainsi que la parole se met partout, dans mes parties intimes et mes zones les plus sensibles ; dans mes endroits les plus creux comme dans mes saillies les plus turgescentes ; en s’imbriquant dans les entrecroisements de mes idées fixes, tout comme dans les entrebâillements grinçants de mes pensées les plus mobiles.

C’est ainsi que les mots tournent dans nos têtes sous forme de pensées comme des vis folles et des feux dits follets. Le long des croisillons de mes jugements et sur toute la hauteur des traverses de mes critiques ; dans les entrelacs de mes perceptions erronées, à la croisée de mes croyances, comme aux croisements de mes préjugés. Dans les entre-deux, toujours les mots traversent les maux pour les nommer. Sur ces chemins de mots et d’épreuves comme sur un authentique chemin de croix, croire et croître se croisent.

Au Golgotha des jours, nous sommes tourmentés par les multiples clous de nos propres pensées, tels des crucifiés à nos propres illusions et à nos croyances erronées...

Alors de long en large et de bas en haut, je me signe et je trace les mots, tissant de grandes phrases avec des mots en phase avec les maux croisés de la vie. Des rayonnements alpha aux rayons X, comme lors d’une radiographie de nos pensées les plus obscures, nous sommes bel et bien des croisés !

Nous sommes tous des croisés de la dernière heure !
Quelle que soit notre degré de croissance et de croisement, qui que nous croisions ou quoique nous croisons, nous sommes des croisés, un point c’est tout !
Dans la tourelle des stylos à bille, chaque mot veut s'accaparer la première place, être au premier rang des projectiles pour dire son essentiel. Ici, pas question de tirer des balles à blanc, il faut faire mouche, jouer de la cartouches sémantique, avec de vraies balles à tuer le temps et à meubler l’espace de nos graphies plus ou moins sauvages, afin de nous libérer de nos contingences, et pour marquer ou masquer notre présence au monde.

Adjectifs et verbes se battent pour quelques enchères ; ce n’est pas logique, c’est graphologique ! De l'écriture pâteuse de Victor Hugo à la calligraphie paranoïa-critique de Salvador Dalí, il est bien connu des spécialistes en graphologie que l’écriture ne trompe pas !
L’écriture est une ride de survivance, comme il existe des rides d’expression et des rides d’eaux balayées par les vents.

Durer, tel est ma quête aurais pu dire Albrecht Dürer, traçant son autoportrait à grands coups de lavis rehaussé de crayon blanc. Durer comme les mythes de Durandal ou d’Excalibur, l’épée mythique de Roland ou la lame légendaire du roi Arthur.

Perpétuer une voix, prolonger un chemin, durer, comme l’art ou la littérature pour toute l’éternité ; survivre de plume encrée et de pinceaux, quand le Bic se fait épée magique pour tracer des légendes, comme la quête d’une chrysopée, cette fameuse pierre philosophale dont je parlais un peu plus haut.

Car parler haut s’impose à nous pour dire et redire notre présence au monde. Désolé de vous décevoir, je ne trouve nul humain en ce monde de bêtes, car nul n’est humain encore ; nous ne sommes en somme que des « homoncules », c’est-à-dire de petits hommes ridicules que n’ont que des pensées aux mots multiformes pour se défendre et s’affirmer ! Blaise Pascal lui-même, dans ses Pensées le disait déjà :

« L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête. »

De l’évaporatoire du laboratoire aux encens de l’oratoire, tout monte, mais c’est à l’intérieur même des choses, comme la source dans la nuit de Jean de la Croix.

Comme dans un conte, on ne peut réenchanter le monde qu’à partir des mots. Et penser avec des mots, c’est même le propre de La condition humaine, comme l’aurait soulignait André Malraux, cet écrivain, croyant, militant, résistant, aventurier, homme politique et intellectuel français… c’est-à-dire quelqu’un qui faisait tout pour être avec son temps, afin de tenter de faire de ses tics, Le Grand Œuvre de sa vie, lui qui depuis l’enfance était atteint de cette maladie dite de Gilles de la Tourette.

Vous allez me rétorquer « Quels liens voyez-vous entre la roulette russe et la poésie ? Ou bien, quelle association tortueuse faites-vous entre la roulette russe et le syndrome de la Tourette ? C’est là que la tourelle pleine ou vide de mots intervient.

La tournette dans la tête, avec à-propos, je vous répondrais que sur la piste des phrases, les mots rusent et usent d’un système rotatif comme les pistolet ou révolver à tourelle. Que face aux maux de la vie, le besoin de dépassement est dans les mots de la pensée, avant d’être même dans l’homme qui sans le savoir se suicide.

André Malraux, cet humaniste notoire, riche de cette nostalgie des dieux créateurs, le dira et redira à plusieurs reprises, et de manière différente :

« Dieu a été détruit. L'homme ne trouve que la mort. »

Ou encore

« Je pense que la tâche du prochain siècle, en face de la plus terrible menace qu'ait connue l'humanité, va être d'y réintégrer les dieux. »

« L’humanisme, ce n’est pas dire : “Ce que j’ai fait, aucun animal ne l’aurait fait”, c’est dire : “Nous avons refusé ce que voulait en nous la bête, et nous voulons retrouver l’homme partout où nous avons trouvé ce qui l’écrase”. »

Avec des phrases bien beurrées et des logorrhées comme des chiasses verbales, c’est-à-dire des excréments(κόπρος) et des paroles (laleô), je peux le dire comme je peux tout dire.

La coprolalie qui est le propre de la maladie de Gilles de la Tourette en étant une forme particulière d’expression. De la même matière, certains écrivains produisent un seul roman qui sera "l’êtron" de leur vie ; alors que d’autres, chaque année, coup sur coup, nous pondent une œuvre inédite. Que le tic soit verbal ou écrit, plus ou moins vulgaire ou populaire, il constitue le symptôme d’une présence, celle d’une pensée qui est aussi celle d’un auteur.

Remarquez d’abord que dans le terme verbal, il y a les mots vers et balle. Comme la maladie en question, l’usage ou le mésusage des mots relèvent eux-mêmes d’un syndrome social ou culturel, souvent héréditaire. C’est de cette matière que les nantis eux-mêmes font usage de mots qui sont obscènes pour les pauvres que nous sommes comme pour le commun des mortels.

Et comme « la roulette russe », la poésie est-elle même un syndrome à part, tel un jeu de hasard toujours mortel puisqu’il ne reste parmi nous aucun poète vivant des siècles passés.

La poésie comme la roulette russe, ce jeu d’écriture qui consiste à mettre un mot dans le barillet des phrases, puis à tourner rapidement les mots de manière aléatoire, sans le moindre contrôle sur l'emplacement des chambres chargées ou vides, relève elle-même des vicissitudes de la vie tout comme de l’écriture.

Selon l’effet de style désiré, avant d'actionner la bille, on pointe le stylo sur le papier, et les jeux (de mots) sont faits ! Si la chambre placée dans l'axe du Bic contient une balle, elle est alors percutée, et par la force des choses, le joueur a verbalement perdu quelque chose puisqu’un autre mot aurait peut-être changé tout le sens du phrasé ; et dans le cas contraire, si la balle n’est pas percutée, l’écriture et la vie continuent.

Pour les simples Homo sapiens que nous sommes, la seule grandeur est de faire de l’homme avec nos propres pensées et donc avec nos mots. C’est bien pourquoi cette reliance analogique est au cœur de ma vie et de mon espérance, et par conséquent au cœur de mes écrits.

La poésie, la liberté de penser, les relations fraternelles, une spiritualité en profondeur c’est-à-dire une culture de l’âme, un humanisme bien pensé, peuvent seules concourir à construire, à tisser, relier ou croiser de l’humain dans le monde et sur La terre.

Homme, Liberté, Fraternité, Egalité et besoin de dépassement… De bien gros mots pour mon p’tit doigt !
Pour sortir de cette vision souvent caricaturale de l’humain tel que nous le pensons, comme les alchimistes je cherche l’homme, sans avoir la prétention de le créer ou même de le changer, il est déjà tellement difficile d’être soi-même !

Alors je jette des mots-cornues à la mer, ou je tente simplement de le faire sur le papier cru ou cuit, et dans ma vie de tous les jours, à portée de regard et de mot, avec des bouquets de gestes, de belles analogies et quelques métaphores, rien que ça, avec des riens pour croiser le tout, car je ne suis qu’un simple croisé, au croisement du passé et du futur.

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