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A louer
prose [ ]
Le Grand Green - extrait

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par [Reumond ]

2016-02-18  |     | 



illustration de la série Les Greens, Roland Reumond 2016




Dans le substantif « pancarte », il y a de la substance (celle d’une pancarte), mais aussi les mots « Pan » (le tout) et « Carte » (le lieu, le territoire) ce qui pourrait laisser penser ou laisser croire au développement d’une topologie (plus ou moins réelle, en partie imaginaire et surtout symbolique), et d'une mythologie du dieu Pan, campagnard poilu comme un bouc, gardien des Greens verdoyants où il pouvait veiller sur les bergers et leurs troupeaux.

D’ailleurs, certains philosophes stoïciens identifiaient ce dieu Pan avec l'Univers ou tout au moins avec Dame Nature plus intelligente que mon Smartphone, plus féconde et plus créatrice que votre humble serviteur.

En tant que « créature chimérique », comme beaucoup de chimères dans les mythologies d’Orient et d’Occident, Pan nous ressemble énormément !

Avec nous qui sommes en somme les chimériques fruits d’une Évolution continue, il y a donc beaucoup de points communs et de ressemblance entre cette moitié d’homo sapiens et de bouc, et nous pauvres simiens, qui somme tout à la fois à l'image et à la ressemblance des bêtes, des dieux et des satyres de la faune homo sapienne.

Mais là n’est pas encore le propos !

Sur Le Grand Green, revenons à nos moutons et à notre pancarte.

Sans relever « l’ à vie » ce qui nous mènerait trop loin sur Le Grand Green, on peut donc voir une pancarte portant un avis comme toute pancarte qui porte du fruit.
À LOUER est-il écrit en lettres rouges sur fond blanc.
L’indication est brève et peu morale, il n’est pas écrit « interdit de marcher sur le gazon » ou « Tu ne tueras point », non, il est simplement noté A LOUER, comme une sérieuse invitation ou une incitation à …

Oui, mais justement, de quoi s’agit-il exactement ?

À LOUER

Comme ici, le sens se fait parfois pluriel, car « donner en location » ou « prodiguer des louanges », ce n’est pas exactement la même chose, ni la même cause, comme de prier Dieu d’être exaucé ou de prier ses enfants de faire moins de bruit ; la nuance est importante, elle ne sollicite pas les mêmes faits et gestes et ne nous engage pas dans la même direction et de la même manière.

Comme Nessy se joue de nous dans son Loch Ness, les termes Loc – ation ou lou – ange, nous offrent des espaces, comme un champ sémantique, pour jouer et penser Le Green. Ce Green n’est-il pas d’ailleurs une aire de « Je » et une surface de « jeu » pour un enjeu plus considérable ?

C’est ainsi, comme les trois dimensions du mot « sens » en français, bien souvent les mots de la langue se font polysémique, jeu de mots ou carrément maux de je pour nous faire réfléchir, comme les trous de mémoire sur le Green donnent l’occasion à d’autres de prendre le relais ou la parole.

Ici même, je pourrais me louer de ces quelques trouvailles, mais le sujet est bien trop sérieux et l’enjeu trop important pour cela.

À LOUER

Les concepts de Dieu, d’Homme ou de Réel ne sont pas des réalités comme notre pain quotidien, avec sa croûte et sa mie ; ils sont des LIEUX, des Lieux réels vers lesquels aller et tendre de tout son être.

Et si vous l’ignoriez encore, Dieu est un LIEU, le Réel et l’Homme pareillement. Ce sont des lieux vers lesquels aller, des lieux à tisser de l’être, des lieux comme des espaces infinis pour tisser de la vie; de toute éternité, des lieux pas plus temporels qu’ils ne sont locaux, pas plus linéaires qu’ils ne sont causals… "tout" (Pan) en Un, Un en tous.

Le Grand Green est aussi le Lieu d’une alchimie subtile et de métamorphoses multiples…

Il faut donc louer ce Lieu, rendre gloire ici aux primates que nous sommes et à ceux qui nous ont précédés, bénir l’Évolution, glorifier ses multiples mutations… car il ne s’agit pas effectivement de louer ou même d’acheter le Green, de planter sa tente comme un grand cirque dans l’herbe grasse du Grand Green ou de squatter quelques trous laissés à l’abandon, mais de prendre conscience de cette réalité-là.

En tant que LIEU vers lequel toute vie doit tendre, Le Réel, L’Homme ou Dieu ne sont pas des individus, pas des personnes au sens ou nous l’entendons, ils sont même « personne » !

Ils sont un, un même et un identique « personne » (masculin singulier), comme pronom indéfini et surtout comme réalité indéfinissable, tel un néant sans fond et sans forme, capable de contenir assez de vide pour avoir cette capacité d’accueil de la vie dans toute sa complexité.

Le Réel, L’Homme ou Dieu sont donc des vides, comme un grand manque qu’il nous faut remplir de notre présence vivante pour les faire exister. Ce qui ne vaut que dans l’ordre de l’être, telle une même et seule réalité éternellement possible et virtuelle à l’infini.

Alors que la plupart d’entre nous se contentent d’exister, c’est-à-dire de survivre, Le Réel, Dieu ou l’Homme, sont le seul et même unique LIEU disposé pour la biodiversité et l’accueil de tous les étants.

(…)

Le Grand Green – extrait

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