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Le cas dit
prose [ ]
c’est bien Sisyphe qui devant vous pousse son lourd caddy

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par [Reumond ]

2012-10-27  |     | 



Ne vous y trompez pas, c’est bien Sisyphe qui devant vous pousse son lourd caddy dans le rayon des pensées glauques et des rêves surgelés...

Engagés dans une tragique scénographie, les Sapiens de supers supérettes sont des hommes d’opérette, des acteurs de bazar et des objets à la solde des boutiquiers sans scrupule, eux-mêmes à la solde des prix.

D’échoppe en officine, les vitrines à alouettes brillent de milles promesses, partout le miracle sexe pose à l’enseigne de publicités mensongères.

C’est là, toute la question de la philosophie de l’éternel retour , des va-et-vient entre les mirages bio et les effets transgéniques, c’est là que l’esclavage nouveau se joue de nous, marionnettes emballées dans des concepts biodégradables.

C’est bien lui, l’humanoïde qui dit « j’achète, je consomme, donc je suis… », lui, Sisyphe, qui pour avoir osé défier des lieux et des dieux tout puissants de la bourse, erre dans ces lieux commerciaux, condamné à faire rouler éternellement son caddy dans les couloirs de l’espace-temps, entre la sauce tartare et les rochers sucrés, jusqu'en haut des rayons, étagères d’enfer dont il redescend chaque fois que son caddy est plein à ras bord, avant de repartir courir d’autres occasions, et parvenir essoufflé, stressé, au pas de ses courses, à la caisse saturée, pour faire l’éternelle queue, tel que raconté dans l’odyssée des consommateurs. Pauvre Sisyphe, triste surhomme !

C’est bien lui aussi, le sur consommateur, le héros des superettes, le surhomme nietzschéen, qui pousse et pousse la question dans les rayons existentiels. C’est encore lui qui vit au quotidien la condition humaine dans une grande comédie humaine, aménagée en magasin.

La question est de savoir jusqu’où et jusqu’à quand le surhomme poussera-t-il le chariot ? Autrement dit, jusqu’à quel point le Sapiens peut-il faire l’économie d’une réflexion sur l’outrance de la sur consommation, mettre entre parenthèses ses courses folles pour ne plus courir qu’après l’essentiel ; comment Nietzsche lui-même pensait-il en termes d’avenir humain, et comment un caddy plein de nourriture peut-il dépasser un caddy vide de sens ? Comment le dépassement de l’être peut-il s’opérer entre le rayon des conserves et celui des produits frais ?

Les questions sont pertinence, les réponses ne le sont jamais !

l’homo perussi (l’homme consommateur) comme l’homo-religiosus, (l’homme religieux) ne nourrissent exclusivement de croyances, ils sont cogitationophages, c’est-à-dire qu’ils se gavent exclusivement de la pensée des autres, des rumeurs communes, de clichés et critiques obscènes et violentes, à bon entendeur parvenu, l’homme consommateur n’est pas un homme consommé, c’est un bon voyeur né !

À l’œil nu, sans télescope mais pas sans télescopages, on peut l’observer, même de loin, mêmes que les étoiles les plus brillantes de la TV font des courses après la gloire, super nova d’un jour.

Observateur attentif, je regarde le petit chariot libre-service dans la Grande Ourse, sur la constellation la plus proche, la plus propre…,

C’est là que miss France avec sa chevelure de Bérénice et ses chiens de chasse fait elle-même ses emplettes pour remplir les grandes casseroles et les marmites à pressions sociales.

Tout ce festin, cette grande bouffe dans la grande bourse mondiale, c’est parce qu’il manque toujours une humanité quelque part !

Depuis le Néandertal, l’homme est un cas nommé, un cas dit c’est-à-dire historiquement causé, cause et prétexte, et comme tous les grands prématurés, il lui faut ses multiples baxters pour survivre à l’épreuve des jours.

(…)

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