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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2012-07-02 | |
Je vous l’assure, de visu « L’homme invisible » ne faisait point son âge !
Pauvre diable sans reflet, pauvre éclat sans rayon, pareillement au juif errant, il brassait le temps et traînait d’âges en nage son imperceptible culpabilité. Je peux vous le dire aujourd’hui, je l’ai envié bien longtemps cet homme sans corps et sans réflexion, jusqu’au jour où, par âge art, j’ai vu dans une psyché mon vrai moi comme une brillance subtile dans le miroir bien poli du temps. Alors, tout en continuant à me regarder si nu, si pauvre et si désœuvré, j’ai tout cru saisir en un seul miroitement ! Heureux qui comme Ulysse, ou comme Paul de Tarse tombant de son cheval, j’ai vu par une sorte d’embrasement, la sagesse dans le tournant des jours dessiner mes propres tourments ; de point de fuite en lignes courbes et brisées, j’ai compris toutes les graphies des saisons et des arrière-saisons, dans toutes les perspectives de la vraie vie, dont cette cuisante chorégraphie des articulations qui s’emplissent d’arthroses pour mieux vous faire sentir la réalité du trait ; malade, j’ai considéré la scénographie des âges qui vous déplacent l’air de rien en quelques heures de peine, à peine, du tournant des jours jusqu’aux recoins des planches ; et sous les projecteurs gratuits et abondants d’un soleil sans époque, j’ai poussé un cri comme la plante pousse ses fleurs vers l’inconnu. J’ai observé avec le plus grand soin, et la plus grande admiration ces trous de mémoire qui laissent se crayonner les souvenirs les plus anciens ; ces mots que l’on ne trouve plus si facilement, ce qui permet à l’autre de se dire ; j’ai pu contempler la calligraphie flétrie des rides qui pose son trait d’encre grise avec délicatesse, par-ci, par-là , semant aux vents des évènements ses tâches de vieillesse. Et depuis cette année-là , où « le graphe » se dit à tout jamais « grâce », et non plus « disgrâce » comme je le pensais avant, je discerne le Grand Œuvre et toute l’alchimie du verbe, de l’âme et de l’esprit qui se déploient dans l’athanor d’un corps qui se défait, se décompose en toute multitude, c’est de la pure création ! De mois en moi, et de semaine en semailles aux sillons de mes chairs flasques ; devant le témoignage de mes peaux abîmées, je reste béat et de plus en plus admiratif devant tant de pouvoir créateur et de liberté… Même quand quelque cataracte s’y dépose, c’est toute la vie qui se déploie en diversité, c’est toute l’aventure de la vie à même le regard ; c’est parce qu’on ne peut empêcher l’espace de s’épandre qu’on ne peut empêche l’art de la vie « d’art paraître » , de s’exprimer jusqu'au-boutisme des pores et des cheveux. Pas de fuite possible, mais rien qu’une paix qui vient à nous comme venait jadis les pensées erronées et les idées fixes ; pas de fuite, mais mille microsillons qui chantent une histoire vécue, un scénario de vie où la nature, dans le plaisir de s’écrire en toute liberté, sème ses papillons bruns sur la peau du temps, sans censure ni frontière. Certains voudraient l’immortaliser cette survie, dès l’ici maintenant, et garroter les mois passés et camoufler les ans qui viennent pour les empêcher de crier à la vie, à la mort ! Il n'y a pas de route sans trace et de tracé sans chemin ! Ici, c’est la ride qui est le « chemin de traverse », et c’est la traversée du signe, qui participe de (à ) la traversée du sens, une traverse et une transverse, en même temps, car c'est le temps qui fait tout ! Alors sacrebleu ! Je compte bien sur vous pour compter les pixels de mes rides les plus étranges ; insolites constellations dans un ciel d’épiderme, là où les sentiments se tracent tout en nuances rosées, et où les émotions se disent à chair de poule et à fleur de peau, pour que nul ici-bas ne les regarde plus de haut, que nul n’ignore plus les beaux traits, les fleuves arides, les déserts de grandes solitudes sur le grand atlas des destinées. Sous la vallée blanche de mes cheveux, en reliefs et en creux, de désolation en consolation, les larmes érodent, le stylet grave les paysages et les visages qui semblent vieillir en même temps ; la vie sait se faire ravinement dans les plus profondes excavations des déceptions de l’humain ; gravures toujours, sculpture ou peinture selon les traits de caractère, les joies et les angoisses. Écouter les trois coups de ride du théâtre de la condition humaine ! Le rideau rouge se lève sur des os blancs, comme un soleil en boule, alors que se couchent les vieillards au lit du grand âge ; les vieux jours seraient-ils comme de vieux vins qui se savourent interminablement ? Entre l’oratoire et le labo, les vases de l’alchimiste communiquent, le déclin de l’un annonce la verdeur de l’autre, le plomb se fait or ; anciennement l’œil qui était dans l’illusion de voir, se contente d’être, là où la rouille des pupilles lui fait percevoir au-delà de toute décrépitude. (…) Le sage qui le devient progressivement, fait l’éloge de la fragilité, en toute humilité, il fait l’éloge de sa propre vulnérabilité ; il est comme une trace qui s’efface, quand le temps a soufflé sur le sable trop fin, poussière de rien. Il n’est plus qu’une trace de gomme, quelque cendre de poussière. Juste un doute qui passe dans le silence qui se fait autour de lui. Il devient passeur de quiétude, et passager clandestin dans sa propre maison, sur un chemin de gratitude, dans les mains bien grasses d’un potier d’éternité. Le sage qui le sera peut-être un jour, ou jamais, qui sait ! Ne connait pas la vétusté, et même s’il n’ignore pas l’usure des printemps et ce qui est révolu à tout jamais, il vit déjà , quelque part ailleurs, dans l’éternité du moment présent, il est comme une conscience accolée aux jointures de l’infini, telle la libellule bleue dans sa fragilité et sa transparence. Dans la solitude et la sollicitude du grand âge, la nuit ferme les yeux du jour afin que renaissent de l’ombre de nouvelles lueurs ; un an de plus c’est peu, mais c’est toujours l’empreinte de pas à rebours dans nos propres pas distraits ; et quelque regret, le reflet quelque part d'un espoir azuré avec quelques nuages décolorés. Dans son impertinente incontinence, le temps coule, il ignore tout de l’abstinence, laissant s’échapper comme par magie de l’espace-temps de conscience liquide. D’os et de nerfs, de chair en chais, le spectacle s’étale, ce sont les chroniques de la chronicité qui s’inscrivent en gras ou en italique, car l’espace à soif de changements, et grande faim aussi de ce temps qui défile en militaire chargé d’images comme des médailles, juste le temps qu’il faut pour l’élargissement des passages ; il est assoiffé de néologismes et de verbes frais pour les conjuguer tous, d'adverbe en adjectif qu'il déploit en bouquets comme des hortensias… Pour perpétuer le trait dans la tension, l’attention et l’intention de l’infinie, le temps qui n’existe pas, peut continuer à s’écrire en vide des mondes parallèles et en ailleurs numineux, là où la logique est tout autre, et ou le tout autre n’est pas logique, concédant sa place à de douces folies où le rêve se fait enfin réel. Écrire ou vivre c’est respirer, c’est pareil, c’est mettre la vie en pause et mettre la pause aux mots, dans un pur moment de bonheur éternel. (...) |
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