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par [mircealupu ]

2012-05-13  |     | 



J’allais parfois, pendant mes vacances, au village de mes aïeux au nord de la Moldavie histoire de passer quelques jours loin de la vie quotidienne.
Je ne manquais aucune occasion de visiter le chalet qui se trouvait dans la forêt d'au delà les champs qui entouraient le village.
Ce qui m’étonnais à chaque fois c’étaient les sapins et les mélèzes de beaucoup plus grands que leurs frères des montagnes du sud.
Près du chalet il y avait un cimetière des soldats russes tués au combat, une clairière de marbre au milieu des mélèzes farouches.
Des croix blanches se ressemblant comme deux gouttes d'eau parsemaient le lieu, seuls les noms gravés dans la pierre, qu'on pouvait à peine deviner, étaient différents.
Pas loin une piste de quilles héritée des allemands qui avaient colonisé ces endroits auparavant était toujours pleine des gens du voisinage qui s’adonnaient aux plaisirs du jeu.
Ceux qui faisaient galerie se demandaient à haute voix quelle équipe joindre.
J'ai souri en songeant à la deuxième guerre mondiale, aux allemands et aux russes.
Le matin dont je me rappelle il faisait assez frais. J’étais assis à une table qu’une racine saillante inclinait, ce qui me paraissait plutôt original que dérangeant.
Le barman avait déjà ouvert les volets et attendait les passants d’un air indifférent.
Une petite voiture à plaque d’immatriculation étrangère s’est arrêtée tout près de la clairière. Les portières se sont ouvertes et une famille composée de trois personnes, le père, la mère et leur fille d’une vingtaine d’années, est sortie de la voiture.
J’ai tendu l’oreille pour mieux entendre la langue dans laquelle ils parlaient. Ils étaient tous des polonais.
La fille se déplaçait avec difficulté à l’aide des béquilles. J’aimais ses nattes blondes et son visage qui n’était ni envahi ni submergé par sa souffrance. Mes pensées se sont envolées de nouveau vers la guerre et les souffrances subies par les polonais. Elle s’approcha à petits pas des croix blanches en s’arrêtant quelques instants au droit de chacune et j’ai eu le sentiment que ce jour-là une paix éternelle était descendue sur ces lieux et les mélèzes ne me semblaient plus farouches mais attendris et apprivoisés.

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