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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2012-04-12 | |
Illustration : Jeux de cordes et de ficelles (2012).
" Des gens se font tuer pour que leur sang fasse l'utopie descendre du ciel sur la terre. J'apprends que certains 'magnats' sont dans la coulisse, truquent ce drame et considèrent ces martyrs comme des pantins dont eux savent tenir en main les ficelles. Puis l'on me dit que, sans ficelles, le pantin n'aurait pas bougé. Et l'on croit ainsi l'apologie des ficelles ! Non ; mais la condamnation du pantin." (André Gide, Journal) Même nos insultes les plus crues ne sont que de ridicules cris du cœur ! De sa juvénile main, Arthur Rimbaud n’écrivait-il pas déjà sur les murs de Charleville, son injure favorite : « Merde à Dieu ! ». Depuis la nuit des temps, l’homme insulte l’homme, les dieux eux-mêmes se traitent de barbares. De même, nos traits de caractère ne sont-ils pas de pauvres gribouillis, de risibles tags que le vent emporte avec la poussière de nos os désagrégés ; gribouillages d’âge en âge, barbouillages éphémères comme le coquelicot, inutiles échappatoires, épitaphes vaines comme tous ces camouflages de nos manques les plus vifs et de nos plus profondes failles... Malgré tous nos efforts et nos bonnes intentions, nos plus grandes attentes, même pour ceux que nous tentons d’aimer au mieux, restent malgré tout des attentats ! Ne pouvons-nous pas rester tranquilles et sages le temps d’une petite éternité dans un petit coin paisible de l’infini ! Pouvons-nous vivre sans avoir cette peur au ventre, comme si nous étions seuls au monde, le nez sur nos blessures en dents de scie, et l’œil glauque rivé à ce fil de vie qui nous retient en suspens tel un Baxter ? Ne sommes-nous pas « en fait » et en pensées surtout « des attentistes », des fondamentalistes désenchantés, des âmes égarées, ou pires, « en fête » et « en réalité », des extrémistes abattus, des enchanteurs de planètes poudreuses ? Pauvres marionnettes que nous sommes, et tristes guignols éreintés ! Pour nous détacher de tout cela, et surtout de nous-mêmes, afin de ne plus pendre au bout de ce fil coupant qui nous pose problème, nous retient tels des fils prodigues dans l’attente d’une présence, comme on retient son souffle…, pourquoi ! Pourquoi ne pouvons-nous pas arrêter de respirer cet air ennuyeux d’un moi nauséabond ? À l’extrémité du fil, ne nous faut-il pas crier d’un seul jet, comme au cinéma, avec insistance : « Coupez ! Coupez ! » Nous sommes des pendus au théâtre des pantins, des pantins pendus aux multiples Baxter qui nous aident à survivre, nous donne notre identité, un statut, un rôle ou une fonction, mille raisons ou déraisons de vivre ! Pour ne plus dépendre de rien, ne nous faut-il pas devenir, devenir nous-mêmes un rien du tout ? Ne faudrait-il pas nous détacher une bonne fois pour toutes, couper le cordon et nous séparer de ce moi accroché ? C’est le même filium, voire le même filum fragmenté, le même filigrane, la même gravité gravée gravement dans nos corps de chair vive, qui apparait dans la lumière ; quand on regarde à l’intérieur de nous-mêmes l’essentiel du grain, du trait ! Même une vie falsifiée, montre et « démonstre » plus encore, ce fin fil d’or et de plomb qui nous tient en suspense, verticaux comme des pantins de bois vermoulu, entre le ciel et la terre dans un Univers en suspension ... De robinetterie en loterie, au bout de nos porte-sérum sur des roulettes d’acier inoxydable, nous sommes suspendus ! Au bout de nos mélangeurs à perfusions intraveineuses, de nos mitigeurs glucosés, pour le meilleur et pour le pire des plaisirs, ceux de nos vains intérêts , à terre comme au ciel, coulent nos Baxter, salés pour le goût, pour quelque soit-gisante vocation, quelques valeurs morales, religieuses, politiques ou intellectuelles à défendre contre tous. Baxter suant de nos travaux d’Hercule, coulant des jours entiers jusqu’en des retraites vieillottes. Baxter suintant de nos amours vulnérables, de nos constructions fragiles. Baxter distillant le pire et le meilleur du pire. Baxter fluant de nos pensées fluentes et contradictoires, avec le flux de quelques talents de porcelaine, et quelques gouttes à goute de passions égoïstes. Baxter de nos portemonnaies, de nos savoirs de papier machés, de nos pouvoirs ridicules et de nos avoirs qui ne sont que cendres et poussières …, (...) « Si nous vous appelons frères, vous n'en devez avoir dédain », nous le sommes en effet, par la corde qui nous tient, vraiment, nous le sommes. Bien que nous ayons été tués par justice », par justice, par défi, par déni ou par contumace, selon... « Toutefois, vous savez que tous les hommes n'ont pas l'esprit bien rassis. Excusez-nous, puisque nous sommes trépassés, auprès du fils de la Vierge Marie, de façon que sa grâce ne soit pas tarie pour nous, et qu'il nous préserve de la foudre infernale. Nous sommes morts, que personne ne nous tourmente, mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ! » (François Villon) Au bout de son filament et de son trait de caractère, le porte-trait de l’humain je l’ai observé avec observance, je l’ai soigné avec amour comme on traite les nourrissons, je l’ai tiré à cœur portant avec circonspection, douceur et ténacité ; tenant compte des mal traits, c’est maux qui font l’homme, et le tirent vers le bas ou vers le haut, selon qu’il est grand de sa bassesse ou riche de toutes ses pauvretés. Et tels cet intrépide pendule de Foucault ou ces affligés pendus de Villon, nous nous sommes vus oscillant en silence ou en criant, de long en large au grès du temps, sur le même plan vertical, dans le même champ d’horizon, avec la même trajectoire que celui du sens des mots ; nous déplaçant de droite à gauche, selon le modèle d'oscillation du pendu pour devenir nous-mêmes pendulaire... (...) L’ écriture vivante traverse toute matière, la matière se joue de toute écriture, toute la vie est une graphie, un trait de caractère fortuit. S'étirer, se faire trait portrait, devenir homme de l'être, animal de trait... jusqu’au bout de l’impossible ficelle de l’espace-temps. L'art de vivre, ne serait-il pas celui de devenir soi-même "Graphie" ! Comme la mine de plomb, la vie est si dure, mais l'alchimie des émotions ne peut-elle pas la transmuter en or ? Coriaces, téméraires, créateurs, rebelles…, qu’en est-il de nous pauvres traits ? Un accident dans la rencontre ratée des aiguilles du temps sur le palier des espaces égarés ; l’ombre d’une inconnue entre deux dimensions ; une bête inattendue au bestiaire des jours, un imprévu dans l’agenda des dieux ; qu'est-ce que l’homme ? Qu’en est-il de lui ? Une allergie de primate ; un paradoxe dans le règne animal ; entre la truite et le génie des forêts, comme un impromptu de Schubert ; le résultat de quelques manipulations d’étoiles ; une phase de la jeunesse du Monde ? Mais qu'est-ce que l’homme qui vient à côté de celui qui n’est pas encore ? Une virtualité en suspens dans la pesanteur des choses et l’apesanteur des idées vagabondes. Par hasard ou par nécessité, qu'est-ce que l’homme ? Et qu’en est-il de la vie ? Un trait évanescent, une incompréhension, un défi, un handicap à dépasser ; quelques erreurs de jeunesse du Monde, un sursaut d’acné comme le jaillissement de poésie d’un adolescent en recherche ; un saut de la matière dans l’Univers ; un cri comme l’enfant qui vient de naître. Qu’en est-il de l’hominien ? De l'homme de trait ? Est-il seulement un acte de bravoure, une graine d’amour ou quelque semence en perdition ? (...) extrait de L’homme, un trait de caractère fortuit. |
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