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L'Humana Labyrinthum
prose [ ]
Le Pavillon des Anges (extrait)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
par [Reumond ]

2012-02-27  |     | 



illustration : Roland Reumond "Cimaise" 2012



Dans les couloirs du Pavillon des fous, face au déploiement des couloirs, je repense subitement à cette vieille idée qui me tient aux abois, me mine le corps depuis toujours, me taraude la tête et me trotte dans les veines dans le sens du pouls.

Dans ces passages les plus étroits, ces corridors les plus vides de la vie, de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud, de par le monde entier, les hommes depuis la préhistoire sont "des générateurs de labyrinthes", des constructeurs assidus de murailles, de clôtures, de murs et de grilles de séparation.

Le coeur de l'homme serait-il de béton ?

De la Grande Muraille de Chine au mur qui coupe la Cisjordanie ; en passant bien sûr par le mur de Berlin et par tous ces couloirs aliénants qui sèment le courant d’air, et parcourent le monde comme une grande douleur, combien de murs de la honte nous séparent de nous même ?

Et combien de lamentations pouvons-nous entendre de chaque côté des cloisons, derrière les murs ? Combien de tours de Babel, de buchers, de dogmes, l’homme n’a-t-il pas érigés au cours de son histoire, sous mille prétextes, afin de se protéger dit-il des différences, des Minotaures étranges ou étrangers.

Mais en réalité, pour se protéger de lui-même !

De l'Atlantique jusqu’aux lignes Siegfried ou Maginot, que de digues, de segmentations de l’être, de départs ou d’arrivées; que de lieux de démarcations, de villes et de corps fortifiés par des murailles intellectuelles et culturelles ; ou par des cuirasses musculaires ou adipeuses.

Combien de blockhaus multiformes, de tas de briques, de kilomètres de fil de fer barbelé, de constructions imaginaires, symboliques ou réelles, l’homme n’a-t-il pas dressés contre lui-même, entre lui et les autres, entre l’homme et l’animal qu’il est, entre son passé et son futur, son dedans et son dehors, son désir et ses contradiction, son objectivité et toute sa subjectivité

(...)

En de grands lieux clos, livrés à tous les combats, à toutes les dialectiques, sémantiques et autres rhétoriques,

Des « Labyrinthes » !

En un seul mot, tout est dit, tout est lié, tout est fermé, tout semble accompli : les murs, les couloirs, les dédales mêmes de cette immense « camisole » de séparation !

Au service des autels, des nations, des races, des dogmes et des académies…, l’homme dresse des iconostases, des images du monde, de la société, de l'homme ou de la femme, et des symboles ostentatoires. Tchador, étoile de David, croix de Jésus et mille autres signes de séparation qui se voulaient pourtant des signes d’alliance, des signes sensés, sensés nous enrichir les uns les autres et pas nous diviser, nous morceler comme des lieux de différents, de désaccord, des enceintes de mort.

Ici même, je crie contre la turpitude des murets, et à la ligne j’écris :

« Sortons des idées erronées, des pensées mensongères, ses sentiments animaux et des croyances trompeuses des labyrinthes sans fin »

Car c’est l’opprobre des signes, que de signifier la dislocation de l’être au bénéfice d’une appartenance quelconque ; c’est l’ignominie nauséeuse des fermetures face à la dignité de chacun. Les pensées sont des folies quand elles font obstacle à l’amour.

Dépassons les apparences, arrêtons de penser pour être, laissons nos hiérarchies dressées de haut en bas, qu’ils soient de gauche, du centre ou de droite, voyons la bassesse des « ismes » sans issues, et celle des partis-pris sans tendresse.

(...)


Le Pavillon des Anges (extrait)


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