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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2012-01-11 | | Quand la lune éclaire les encriers, les poètes connaissant bien ces pannes d’oreiller qui font baisser la plume ; puis-je, en toute liberté, et en toute amitié, à vous qui me lisez au raz des murs de Facebook, me permettre de vous faire quelques confidences sur l'oreiller ? L'oreiller, à le voir, on pourrait le croire si coussin, si doux, si polochon dans sa blancheur de neige ; mais attention ! Si l’amidon pouvait parler de tous ces rêves qu’il emmagasine au plus cru, au plus creux de son être d’oreiller, à l’orée même des inconscients, vous comprendriez de suite que les oreillers ne sont pas toujours les doudous qu’on voudrait. Vous saisiriez à même votre cuir chevelu tout défait de la nuit, combien, oh oui combien ils savent se faire tendre avec le commun des doux rêveurs, autant, ils leur arrivent de se faire durs, aux limites du sommeil, avec les poètes et les artistes. Mystère d’oreillers, plus rembourrés de rêves que de plumes ; plus garnis de cauchemars et de chimères que de duvet d’ange et de délicatesse ; ils ruissellent trop souvent dès le matin, des encres noires de la nuit, laissant des traces de pas et de passages d’une dimension à l’autre, sur des taies pleines de tâches. Les nuits les plus insensées, les songes les plus fous y restent même collés durant des semaines, même après plusieurs lavages ; les démons y font leurs nids semble-t-il avec nos idées fixes ; les rêveries s’y coulent comme dans une seconde peau qui n’arrête pas de se rider au fil des tempes. Pas à pas, n’y a-t- pas d’ailleurs comme un subtil lien de parenté entre la peau et la taie, l’une étant semble-t-il plus charnelle que l’autre, mais ne vous y trompez pas ! L’enveloppe n’est pas le contenu ! Parole de taies, le contenant, le possédant, le tissu destiné à cacher, n’est pas le possédé ! Toutes nos méditations, idées noires, pensées roses, réflexions métaphysiques ou financières tissées au cœur de nos nuits blanches sont toujours là ! De génération en génération, l’oreiller se fait empreinte. Dès que vous posez la tête sur l’oreiller, principe même des vases communicants, elles reprennent leur place ; se font récurrentes, tout, tout reste là comme des traces plus ou moins sales, images débiles ou souvenirs indélébiles de nos malédictions, de nos angoisses et de nos rêves. Tout comme le traversin sépare les rêves les plus doux du dormeur, les oreillers y sont les médiateurs de nos nuits ; des plus noires aux plus lumineuses, de l’endormissement jusqu’au sommier des jours. Comme la taie des eaux qui recouvrent l’abysse ; la neige se fait fourreau au sommet des montagnes, ou comme les mots qui se couvrent de sens, comme les peaux qui se couvrent de symptômes, les oreillers sont toujours « en taie », comme habités par les fantômes du jour qui reviennent à petits pas silencieux la nuit tombée, surtout les soirs de pleine brume. Comme les politiciens, sous leurs taies cotonneuses, les oreillers cachent bien leur jeu ! (…) L’OREILLER (extrait de Demeures intérieures).
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