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De mémoire de poussières (extraits)
prose [ ]
'C'est Mosa qu'on assassine !' un chapitre de ZOOM

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
par [Reumond ]

2011-10-14  |     | 



Eurêka ! J’ai trouvé dans la cendre froide la tendre trace de tes pas ! Tes pieds étaient nus, ton corps devait tanguer de faiblesse, l’échine courbée par l’effort et l’effroi.

Avec mon téléobjectif, j’ai suivi la ligne rompue du tracé brisée de tes enjambées de déporté, comme on peut suivre les contours d'un corps fragile.

D’instinct, j’ai su que c’était toi Mosa, mon frère, mon ami.

Maintenant que je t’ai retrouvé, aux stigmates des cendres, dis-moi Mosa, de poussières de mémoire, en mémoire de poussières, que se passe-t-il après la mort ?

Qu’advient-il de nous après la brulure des flammes et l’appétence des fours ?

Et de quel vent as-tu dispersé tes cendres aux quatre coins de l’horizon ?

Dis-moi, Mosa de mon cœur, toi qui logeais à l’ascendance de mes propres chairs, parent de mes parents, muscle de mes tendons, forces de mes ligaments, neurones de mes crises de nerfs…, toi qui n’est plus qu’une trace grise sur fond blanc, plus qu’un petit nuage de poussière sur fond bleu, escarbilles déposées comme une calligraphie indélébile sur le sol froid des expériences de la mort, dis-moi, en soufflant dans l’appeau de tes os calcinés, comment tu appelles la vie après la vie ?

Tes cendres impressionnent la terre, elles signent la chair jusqu’à l’os et métamorphosent le corps tout entier en l’évidant de ses évidences !

Face à nos relations tendres ou tendues, à nos sentiments et nos affections ; face à toutes nos attentes, plus ou moins intempestives, rien ne sera plus pareil, elle nous endeuille le plus totalement. Alors, Mosa de mes ancêtres, laisse-moi prendre l’urne entre mes mains, pour la montrer au monde comme on lève une coupe sur les marches des maux, au stade des horreurs.

Je suis comme transi d’effroi ! Ta mort, Mosa, est un retour à la poussière des origines, mais elle ne répond absolument pas à nos rêves les plus profonds et à nos désirs les plus charnels.

Elle ne rejoint en rien cette notion de présence aux êtres chers, cette constance des effleurements de ceux que nous aimions à la folie ; elle ne rejoint nullement la belle tendresse partagée, et les multiples intérêts que nous cultivions ensemble, avec beaucoup de soin, elle en est même le contraire, en une sorte d’apothéose de l’absence.

Alors pourquoi Mosa, de poussières de mémoire, en mémoire de poussières, durant tous ces millénaires, dans tous les charniers, les ossuaires et autres champs de bataille, à perte de vue, pourquoi ne survécurent que les fumées rances et les tas de cendres froides ?

Comme pour témoigner, en vérité et en violence, à travers l’espace et le temps de la peine des hommes et de la pleine immortalité des consciences.

Car ne vous y trompez pas, l’oubli n’est qu’une apparence ! Les poussières ont bu jusqu’à la lie les cris, et conservent encore en elles l’écho des prières et des appels à l’aide.

Toi, poussiéreuse matière, tu n’es pas oublieuse de l’horreur, et tu retiens l’erreur pour enseigner le bon chemin. De la lie des terreurs, tu gardes précieusement l’expérience de toutes choses ; et par le sang bu dans l’épaisseur des limons, tu tires la vie, toute nouvelle et toute belle à la fois.

Si au sens figuré, la poussière est l’image de ce qui est faible et méprisable ; si elle peut être pour beaucoup un signe de mort implacable, de deuil, de désespérance et de lamentation, en réalité, elle est la mémoire de ce qu’il y a de plus grand dans l’homme : la poussière est le mémorial des peuples, le symbole de toutes les forces créatrices, des énergies invisibles contenues dans ces cendres incandescentes dont jaillissent les phénix et les humains.

Alors, réjouissez-vous, filles des charniers,

« Ta descendance deviendra aussi nombreuse que les poussières du sol, tu déborderas à l’Occident et à l’Orient tu déborderas, au Septentrion et au Midi et toutes les nations du monde se béniront par toi et par ta descendance »,

Est-il écrit en lettre de cendres tièdes, dans le livre de la Genèse.

La poussière où nous retournons est un germe de vie, une poudre de semence grise comme un sperme cendré, tel le pollen des fleurs sur mes mains, en ce jour de retrouvailles, comme les éons qui s’envolent pour porter leurs messages au plus loin de la galaxie.

(…)

du chapitre 'C'est Mosa qu'on assassine !' extrait de ZOOM

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