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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2011-03-17 | |
Quarante et un, quarante-deux…, je compte, donc je cherche ! Quarante-trois ...,
Jouer à cache-cache autour d’une armoire magique, « Ça » ne vous rappelle rien ! Comme dirait Freud, Sigmund le décodeur de neurones programmés, le révélateur d’Œdipe et le chasseur de rêves, une armoire magique, « Ça » ne vous rappelle rien ? P’être ben que oui, p'être ben qu'non ! Car le problème de toute question n’est pas vraiment la réponse, ce n'est pas de dire « oui-oui » ou « non-non » ; la véritable difficulté existentielle, pure chair comme du bœuf, c’est dans les deux cas, d'assumer ce « oui » ou d’assurer ce « non » ! Quarante-quatre, quarante-cinq..., Et si Rainer Maria Rilke n’avait pas existé ? Et si Cézanne était mort noyé à l’âge de douze ans et s’il avait dit « Non » à la vie ? Et si Adam avait été homosexuel et Eve stérile ? Si Paris était mis en boîte ou en bouteille ? Et si la bouteille était à moitié vide, serait- elle aussi pleine que je le suis moi-même de mille questions ? Comment peut-on être à moitié vide et si plein de mots vides de sens aussi pleins ? Quarante-six, quarante-sept..., En fait de complication à toute question, c’est la réponse, c’est même tout simplement de répondre ! Et en même temps ou à postériori, de prendre conscience de ce que, mon acquiescement total ou ma demi-approbation, ma négation et mon refus, ont, vont ou peuvent encore engendrer de conséquences plus ou moins compliquées, comme le sont toujours les relations entre les zumains dans un système de plus en plus complexe. Quarante-huit, quarante-neuf..., Le magistral long métrage de Jaco Van Dormael, Mr. Nobody, témoigne avec brio de ce dilemme ! Si j’avais dit oui , qu’en serait-il ? Et si j’avais dit non ? Que serait-il advenu ? Qui serais-je ? Où ? Comment et pourquoi ? Quelle suite d’événements, quel enchaînement de rencontres ? De portes d’armoire fermées ou ouvertes ? Cinquante, Je reviens à ma question, car les criminels comme les poètes reviennent toujours sur les lieux du grime ! Là où les gros mots camouflent les vrais maux, où les métaphores tentent de dirent d’impossibles réalités, où les gros oui cachent des petits non, comme l’arbre-cache-nez cache l’écharde dans la forêt profonde, et l’inverse de même et du pareil au merle, qui cache sous ses plumes d’invisibles envolées. Cinquante et un, cinquante-deux ..., Ainsi, l’homme se farde pour nier l’image, il soigne la représentation pour cacher de terribles secrets de famille, il se maquille de pied en cap pour limiter la casse, pour dissimuler d’abominable bonhomme des nages, quand chavire la mémoire, crawlée de souvenirs vagues, et que transpirent les peaux à fleur de boiseries... Jouer à cache-cache autour d’une armoire magique, « Ca » ne vous rappelle toujours rien, une armoire magique entre l’Angleterre et Narnia ? Cinquante-trois, quatre et des poussières de moi, et des scures de soi pour une vie de jeux et un jeu de vie..., ça ne vous dit rien non plus ? Probablement que oui ? Probablement que si, peut-être même que « ça » vous fait craquer, que ça fait grincer quelque meuble chez vous ? Que ça sent les odeurs de votre enfance, le linge frais, un passé plus ou moins ancien, quand rien ne subsiste, les odeurs qui restent là sont des rappels précieux, comme les sons que l’on ne perçoit plus, comme des âmes en suspens sur les ruines poussiéreuses du temps, impalpables peut-être, mais présentes , comme l’odeur de cire sur les meubles, le frisson des tissus dans la penderie, l’odeur du papier journal froissé, le parquet ciré et l’éternelle image des patins que l’on doit mettre pour ne rien salir à l’intérieur quand on revient du jardin…, Sentez-vous, entre deux lignes, l’odeur des boules de naphtaline que l’on respire à pleins poumons pour se rappeler des mythes familiaux. Cinquante-cinq, six et sept..., Percevez-vous encore les effluves de cigarettes et les relents d’huile de foie de morues crevées… les pets de suppositoires à l’eucalyptus, aussi fort que les épinards…, exhalaisons multiples ressortant par tous les orifices de l’être, pour s’épandre comme l’Univers, là où tout concoure à nous rappeler que nous avons existé, et que nous sommes toujours des vivants. « L’Armoire magique » de C. C. Lewis, vous ne voyez toujours pas ! Si pour vous ce n’est qu’un conte, alors arrêtez de lire, car vous n’irez pas fort loin, et vous vous en lasserez bien vite ! Mais par contre, si pour vous c’est « Un Mythe », alors « ça » fait toute la différence ! Puisque le mythe fonde notre propre humanité ! Soixante..., Un, deux, trois, quatre…, je suis fiévreux et je compte jusqu’à 43°, je compte mes années jusqu’à mes dix ans, je compte sur mes parents, sur mes oncles et tantes ; à la magnitude des chagrins, je compte sur l'échelle ouverte de Richter, les tremblements de terre de mon petit cœur d’enfant ; je compte les heures à m’ennuyer sur le banc de l’école, je compte le quelques copains, les quelques bons points, les jours avant les vacances et les nuits qu’il me reste à pleurer pour rentrer à la maison…, 2993 CM 78... Je compte les Dauphines blanches qui passent dans l’allée Angel Testa, les passants, les va-et-vient dans l’escalier, les déménagements de famille…, « Il a encore grandi ! », Du 42 à 15 ans ? Oui je grandis et je change de slip tous les jours et de culotte chaque année, de moins en moins courte ! Je compte et je change de traits, de taille… Je compte et je calcule, je joue le jeu pour contrôler, je contrôle le jeu pour jouer, comme pour figer le temps dans la glace et l’espace dans la grâce, car je grandis, trop vite pour être honnête ! Jeu de cache-cache, je compte, un, deux…, jusque à sang ! Soixante-cinq, sic ! Mes tempes bourdonnent, les oreilles me sifflent.., stridence et danse des stries, phosphènes en microsillon …, dans le cœur et la tête…, dix-huit, dix-neuf… je compte, j’ai maintenant douze ans ! « Que tu as grandi ! » Jeu actif à l’intérieur, je pense, jeu actif à l’extérieur, la vie me joue, à l’intérieur comme à l’extérieur, car la maison est grande et le jardin aussi. Nul besoin de règle du jeu, jouer suffit ! Mais le noir est nécessaire pour se faire peur à soi-même, se jouer des ténèbres comme des trains fantômes que nous organisions, souvenez-vous, dans la cave, entre le tas de charbon et les tas de bouteilles. Mais la règle du jeu est fort simple, respirer pour ne pas mourir, c’est l’enjeu du jeu, le rythme du je et du tu ! Sur son trente et un, trente-deux…, un enfant compte toujours sur quelque chose, alors que les autres décompte ! « Avec tout ce que l’on a fait pour toi ! » (...) Alors, les yeux fermés, je continue à compter, pendant que les autres vont se cacher, les uns après les autres dans une bousculade folle, les uns seuls, et les autres plus peureux, en petits groupes très serrés. Quatre-vingt-dix-huit, quatre-vingt-dix-neuf, cent. Le temps passe, par la cuisine et le grenier, il passe…, une fois la coupe pleine, le décompte terminé, l'enfant recherche ses frères et sœurs, amis et camarades de cachoterie. Cache-cache et passe ! C’est le premier trouvé qui est le prochain à compter, c’est celui qui dit qui l’est, c’est en fait celui qui compte qui cherche, celui qui cherche qui trouve, celui qui trouve qui pénètre le mystère. Il est difficile de se trouver soi-même et bien plus facile de trouver les autres ! C’est une des nombreuses lois paradoxales des salles des pas perdus. Pour trouver les cachettes, c’est facile ! Il suffit de tendre l’oreille pour entendre glousser quelque part, ou crisser, un parquet, une marche..., dans l’entrebâillement de l’espace-temps. Et quand l’enfant caché, frissonne dans ce moment magique, l’armoire avec lui grince de ses bois les plus nobles. Même en dehors de la période des fêtes et des anniversaires, les armoires normandes sont bien mystérieuses, on peut y ranger convenablement des trésors et les abriter du regard des enfants, entre autres merveilles : Père Fouettard, petite souris avec réserve de dents perdues, des bonbons, la hotte du Père Noël, les cloches de Pâques, quelques Anges Gardiens de derrière les vêtements, et y mettre à l’abri, sapin et bonhomme de neige jusqu’à l’hiver prochain. Mais, dans les recoins de la maison, les Ogres ont la vie longue, la dent affutée, et les fantômes des draps blancs tâchés de souvenirs ! Les murs ont des oreilles et des yeux qui observent, ils restituent les cris, les soupirs jusqu’aux gémissements des couches les plus discrètes. Portes pleines, pleines portes envers et contre tout, car au-delà des déménagements où ils subissent d’horribles démontages, à chevilles démises, les armoires ont des armures de chêne, pour protéger le contenu des rêves et servir de bouclier contre les flèches des Indiens. 78... En France, nul placard n’a cette dimension, en Seine-et-Oise, nulle armoire n’a cette prestance ! Aucun coffre ne contient si précieuses reliques ; nulle commode royale, nulle arche sacrée, n’est si pratique que cette Normande armoire ! D’ailleurs, mes ancêtres navigateurs et charpentiers Vikings, avaient dans les mains et dans l’œil, cette même maîtrise du bois que les sculpteurs virois détenaient pour dresser des armoires normandes ! (...) Et dans mes jeux d’enfant, le bateau Viking et l’armoire Normande ne faisaient plus qu’un, un seul véhicule, un seul passage vers l’ailleurs. Lors de mes prouesses en mer, l’ornementation des bateaux, les frises et les entrelacs de l’armoire, s’épousaient, se nouaient, se répondant comme se répondent les marins dans le brouillard ; mélangeant leurs bois à mes couronnes de laurier, à mon casque cornu… Ciel et Terre, rêve et réalité, tout autour de moi s’accouplait quasiment, dans une symétrie des poupes et des proues, pour de grands exploits en terres inconnues, de par le monde des mers et des espaces célestes, avec un seul mât, celui de la rêverie, et une seule quille, d’un seul tenant, mon corps d’enfant emporté par la vague…, j’étais Rolon et Guillaume le Conquérant, Roland de Roncevaux et Doudou de Clichy en un seul élan... À tribord, lors de mes raids imaginaires, je disposais d'un petit gouvernail constitué d’un violon... Avec son faible tirant d'eau, son fond plat, l’armoire normande était mon étonnant drakkar, mon bateau de guerre et d’exploration ; dans les tempêtes familiales, ma coque tenait bon, pour passer de la Dhuis à l’océan et de la mer à des eaux peu profondes…, afin de revenir doucement m’échouer sur la plage de Luc, ou de Langrune, mes deux ports d’attache. Oui, nul bahut de par les océans, n’aurait tenu aussi longtemps la Mèr ! (...) Extraits de "Châteaux Intérieurs" http://francais.agonia.net/index.php/essay/13899697/%C2%AB_Ch%C3%A2teaux_int%C3%A9rieurs_%C2%BB |
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