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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2010-11-09 | | L’écriture traverse la chair, le temps et l’espace, à coups de griffes et de grattes, les codes et les messages se chargent et se charpentent de runes, la structure prend chair et sens dans le sens des mots. Nulle stylistique ne peut dire aussi bien le signe que le souffle et remplacer l’écho du vent dans le lexique de la matière. L'ouverture du trait, c'est comme l'ouverture du coeur, au un jeu des palpitations la ligne dessine l'être, comme l'enfant dessine l'arbre. Le verbe n'est nullement avare, il sème ses sèmes sans condition aucune, en toutes matières et de toutes manières, de part en part, de A à Z, d’Aleph aux lèvres pendues comme gouttière pour porter le son. Mais tout reste fragmenté, tout est dans les détails, si minuscules soient-ils, tout est dans les partis qui forment le tout - Le réel toujours nous échappe ! Même les nébuleuses sont consternées de pluriels, les adjectifs pleuvent, les métaphores s'érigent, mais le monde reste impénétrable ! Les constellations elles-mêmes semblent rehaussées de mondes tellement différents que le tout nous échappe comme un lapsus dans le silence, un pet dans le vent. Nul ne peut résoudre ou dissoudre dans l'eau claire des savoirs, les inconnues des équations du désir; l'homme reste encore un animal outre-mesure. Micro ou macrocosme, c’est du pareil au même, ils s’écrivent mots à maux, comme des chiffres codés, sur la peau des océans, pour dire que l’amour et la vie sont plus forts que tout ! Même la Voie Lactée se fait mamelles véritables constellées de vaches lactantes et jactantes. En une fraction de seconde ton ventre me parle du Cosmos, même ton corps et tes rêves sont des fractions de l’ensemble, des éléments de la complexité, et tout l’univers lui-même est une partie d’un Multivers plus grand encore ! Chaque fragment porte en lui une image holographique d’un tout qui nous distance, tout comme chacun de nous porte en lui et sur lui l’univers entier, et cet autre aussi que je nomme "amour" et que je tiens dans mes bras, à bras le corps, et ce tout autre que je tiens dans mes mains, présence brisée, lien infini, source éternelle, unique toujours régulier en moi et entre nous, comme la parole se dit présent à l'instant présent. Oui, au-delà de l’égo, nous sommes responsables du tout et de tous, cette altérité s’impose comme un mouvement de va-et-vient entre l’extérieur et l’intérieur, comme une fragile palpitation, un souffle de vie, un flux doublé d'un reflux d'âme. Nul ne peut résoudre ou dissoudre dans l'eau claire des savoirs, les inconnues des équations du désir ! Mais parce que nous sommes nous-mêmes des êtres fragiles, fragmentés, nous ne pouvons percer le mystère, le secret du voir pour percevoir l’ensemble, nous ne pouvons pénétrer que des petites parties de la réalité, nous ne pouvons pas saisir la globalité sans manque et sans inconnaissance. Signes et ridules, le puzzle est en nous et nous sommes dans le puzzle. Tronçon de temps, moignons d’espace, en mille morceaux vole la raison, mais pour jouir de l’existence, il faut nous dire que ce qui est suggéré est vrai, entre le mirage et le miracle le souffle et la foi font leur effet ! Quelque part, entre les creux et les saillies, d’entre les maux qui nous parlent et nous, nous qui nous saisissons des mots pour les faire parler; signes et ridules, malgré nos carences, par le symbole et la métaphore le ciel peut faire l’amour à la terre ! Hors d’eux, point de salut ! Signes et ridules, les parties homologuent le tout ! Ainsi, je te pénètre de ma langue de bois, dans les creux jusqu’aux saillies, je peux saisir le moment présent, je puis renouer de génération en génération avec nos trous et nos coupures, nos bredouillements d’hommes en puissance, car, de par la Terre de nos ancêtres, de par les mots qui viennent de très loin, nos plaies mêmes murmurent des mots d’amour dans les crevasses de nos êtres ! À coups de métaphores à la toupie des mots, on peut communiquer vrai dans l’unique que nous sommes tous, sans nous prendre la tête, car nous sommes de pauvres névrosés ! Nous pouvons croire dénouer le temps d’une rencontre nos nœuds, aux croisements de nos lignes de flottaison, parce que nous aimons tout simplement. Entre la pesanteur des causes et l’apesanteur des grâces, entre nos mathèmes et nos anathèmes, nos bénédictions et nos jugements stériles, c’est beau l’amour ! C’est beau comme l’expansion d’un projet commun, comme l’autonomie des uns et des autres, le plaisir partagé comme un poème ou comme un jeu d’enfant. Signes et ridules, tu tires le diable par la queue pour écrire en glaise et griffer tout autour de toi, mordre la vie à pleines dents, prier le jour de durer plus que de raison, et tracer pour clôturer les spasmes, l’espace tels les mouvements cohérents et chronologiques des corps qui se rouent de plaisir dans le grand lit blanc du grand large noir. J’étends mes membres pour fourrer mes insignifiances entre tes signifiés, mes pauvretés dans les tiennes, mains sur tes reins d’argile, regards tournés vers demain, pour que nous puissions partager nos qualités et nos indigences. Toi et moi, nous parlons ensemble la langue de l'amour, là où les langues chinoises et sémitiques s’entremêlent pour dire la dialectique d’une rencontre, nos sémantiques amours et nos romantiques alphabets. Écrire sur ton corps me fait jouir de la vie ! Calligraphier des vides et des pleins me donne du bonheur, chorégraphier des corps aspirants à être davantage, nouer les graphes des désirs rencontrés, renouer de tendresse, délier nos entraves, lier nos corps et nos membres épars, pour la vie tout entière, même si l’entièreté nous échappe ; mélangeant nos topologies à nous perdre corps et âme, c’est la vie qui s’écrit en nous, entre nous, autour de nous, tout est traits ! Signes et ridules, corps et graphies, attraction, scénographie, expansion des corps aimants, corps accords, peaux appeaux, appel, cris des corps et des chairs lues, crues, nues, vues jusqu’à l’os…, ainsi va la vie ! S’enfoncer en tu, accueillir l’autre, s’ouvrir, car il ne semble pas y avoir d’intimité qui ne passe par ce corps de chair, il n’est pas de lieu autre, tout est là , le divin et l’humain, le passé et l’avenir …, tout réside en moi, tout résulte en l'autre, en nous, en vous, par la force du verbe et l’opération de l’esprit. Hors symboles, point de salut ! Les coups de cœur et les chocs de reins font des entrelacs, pour perpétuer l’avenir, parce que l’humus dont nous sommes issus carbure au futur ; sensualité et sexualité tissent des desseins et gravent des rides sur nos surfaces adipeuses, car nous ne sommes que des bêtes appelées à devenir plus humaines, être plus que ces corps fatigués, là est la quête ! Je regarde d’un œil compatissant tes traits frisés, tes lignes brisées et frémissantes, et d’un seul trait, je te croque avec le fusain de mes doigts ; je contemple tes courbes médianes, tes horizons de sucre d’orge et tes plages qui versifient les grains de sable fin pour dire que le Ciel et la Terre porte l’entre-deux. Entre les draps, entre tes tendres plis, avant de repartir, je me glisse, pour vider ma besace, écrire encore quelques lignes, déposer mes soucis de plomb dans ton grand show room en forme de cœur. Comme l’univers s’épand, je pénètre tes ambigüités, je m’épands aussi, tes chairs à ciel ouvert m’accueillent, et moi si terre-à -terre, avant de m’endormir, j’écris encore quelques lignes d’horizon pour que le soleil s’y couche du repos des poètes. (...) |
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