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■ Magnolia
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2010-06-16 | |
Malgré mes grands airs et mes gros mots, je ne suis qu’une éraflure !
Les papiers les plus blancs et les pâtes les plus fines, ne peuvent garder plus que de raison, le souvenir heureux des traces délectables de la griffe et du trait ; même l’écorce des jeunes bouleaux ne connait pas cette extase du papier qui jouit d’être un exemplaire unique, le temps d’un écrit passager. Pour décrire le corps, écrire la chair, le trait se fait chair et fait corps avec l’œil, la main, le stylet, l’encre, jusqu’au plus profond du papier vélin. À ras fleurs, éraflures, les racleurs de vélins sont des érafleurs de papier, des éraflures dans le vent. Griffeur aux ongles souillés de mots et de virgules, à trop blesser les parchemins, les poètes s’éreintent ; encreurs des encrures aux formes spiralées, des papiers écornés d’une dernière épreuve, l’écorcheur de service, affleure le papier comme le doigt efflore la peau, comme le X déflore l’Y, quand le Yang côtoie le Yin, nu contre cru, tel le jour et la nuit avec qui se fondent, limites fragiles, et se fécondent l’ombre des éraflements, passages de l’un à l’autre : Je, Tu , Il …, à l’infini des locutions et des graphismes. Ci-gît l’affileur de lettres, au fil des cicatrices et des excoriations, le long des liens, cordons, nerfs et lacets qui relient le corps l’âme et l’esprit. Tout poète est « une vraie traînée », une trainée d’encre, car il est lui-même un « effet » de l’écriture, du langage, une erreur, un lapsus, une rature, un « mauvais coucheur » de mots ! Un être de mauvaise vie, qui étrenne le synonyme comme on traîne avec toutes ces choses sordides, ces objets et sujets de mauvais goût, pour des coucheries de papier qui ne durent qu’un orgasme et pour quelque article en couche. Noir d’encre, prostitué jusqu’à la fine pointe Bic de leur traîne-misère, tout artiste digne d’être nommé : Gueux-pieu, n’est qu’un misérable miséreux, qui va, s’étire, trainasse, de traînement en mauvais traitement de jambages, de pieds en cap ; prose d’un traîne-semaine comme il y a dans la poussière du vocabulaire des traine-semelles, comme il y a dans les encyclopédies des hommes de lettres, de l’être ou du faire , vivant de l'oisiveté de l’écriture et de l'indigence des encres tièdes. Des gagne-petit de tous poils de pinceau, des traînes-plumes qui traînassent partout dans l’espace-temps des cabinets de toilettes intérieures, leurs misérables carcasses d’érafleurs de vélin, silhouette dégarnie de formes, méconnaissables. « Persona non grata » Hommes de traits, traîneurs-passeurs de passages interdits, traits d'union entre l’impossible réel et un imaginaire malmené , là -bas, où la nature si cruelle et la culture si élitiste peuvent forniquer dans les académies de toutes sortes, en faisant grands bruits autour de grands concepts trampoline. Toute matérialisation du trait et de ses jeux d’ombres et de lumières serait d’ordre psychosomatique ! C’est-à -dire relation d’être, combat entre l’esprit et la lettre, le fond et la forme, le vide et le plein, la vie et la mort. Tout corpus peint, scanné, photographié, dessiné ou écrit, ne serait qu’un système de traits (signes) qui expriment la corporéité même du langage. Corps d’une lettre, corps d’une peinture, d’un dessin ou d’un délit d’écriture, le corps signe toujours le mouvement et la matérialité des choses, les fixant tel un cliché, une représentation de soi et du monde : - Chorégraphie - Calligraphie - Scénographie … Graphies diverses, traits d’union, entre le signe, le symbole et le mythe, Trait entre l’imaginaire, le symbolique et le réel, entre le corps, l’âme et l’esprit …, cette interpénétration de la graphie ou du graphe dans « l’entre » signe la « Matérialisation du trait » et ouvre la voie à toutes les dialectiques possibles que les arts comme les sciences se doivent d’explorer et d’exploiter à fond. Quand la chair se fait icône, pour que l'image puisse parler au corps médical, social ou culturel …, le champ de l'imagerie (médicale) s’ouvre à l’art et nous fait directement entrer dans cette dialectique qui est celle de la corporéité du langage : médical ou poétique. Car le Monde et l’homme ne sont eux-mêmes que des effets du verbe, et l’image émise leur revient comme l’écho boomerang revient toujours à son point de départ. Les mots comme les traits ne s’inscrivent-ils pas toujours en creux et (ou) en saillie, tels ces vieux couples qui se couchent tôt à l’horizon, entre le ciel rouge flamme et la terre de Sienne, papiers lourds à s’endormir aux lits des plages et des nuages grisonnants. Sachez-le, l’écriture s’affine avec le temps comme aux cavités des corps usés par l’âge ? Même là , où se nichent nos ratures et nos mots creux, il y a toujours une pointe de lumière à saillir les partitions. C’est semble-t-il, une question d’encre à nicher les trouvailles, d'entre à cacher les trésors, ou d'antre peut-être, où l'hôte se reçoit de l'autre, don pour don ; là où l’on se tourne la page, où l'on se cache, ou l’on se donne à tracer, à voir et écrire, voir à aimer ..., dialectique sans fin de la présence et de l'absence, du vide et du plein, de la cabane à loger des milliers de pages en friche. S’il nous faut tourner quarante fois la langue en nos bouches sucrées, c’est pour mieux gouter la suave saveur des mots, et s’il nous faut faire pirouetter sept fois septante-sept fois le pardon dans l’encrier du regard, c’est davantage pour élargir notre champ de vision. (…) |
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