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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2010-05-12 | | Inscrit à la bibliotèque par Dolcu Emilia
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Vous croyez à un palais de cristal à tout jamais indestructible, c’est-à -dire auquel on ne pourra ni faire la figue dans sa poche ni tirer la langue en cachette. Eh bien moi c’est peut-être pour cela que j’en ai peur qu’il est en cristal, à tout jamais indestructible et qu’on ne pourra même pas lui tirer la langue en cachette. Vous-vous, si au lieu d’un palais c’était un poulailler et, s’il se mettait à pleuvoir, je m’enfournerais peut-être dans le poulailler pour ne pas me laisser mouiller, mais sans aller, par gratitude, parce qu’il m’aura abrité de la pluie, le prendre pour un palais. Vous riez, vous dites même que dans ce cas, poulailler ou demeure princière, c’est du pareil au même. Oui, vous répondrai-je, si l’on ne vivait que pour ne pas se laisser mouiller. Mais que faire si je me suis fourré dans la tête qu’on ne vit pas uniquement pour cela, et que tant que vivre, autant le faire dans une demeure princière ? C’est mon désir, c’est ma volonté. Vous ne m’en décrotterez que lorsque vous aurez transformé mes désirs. Allez ! transformez-les, alléchez-moi avec quelque chose d’autre, donnez-moi un autre idéal. En attendant, moi, je continuerai à ne pas prendre le poulailler pour un palais. Admettons même que le palais de cristal soit du bluff, que les lois de la nature ne nous y donnent pas droit et que je ne l’aie inventé que par bêtise, par suite de certaines habitudes antiques et irrationnelles de ma génération. Qu’est ce que vous voulez que ça me fasse, que nous n’y avons pas droit ? Puisqu’il existe dans mes désirs, ou pour mieux dire : puisqu’il existe tant qu’il existe mes désirs, n’est-ce pas la même chose ? Vous riez de nouveau, peut-être ? mais riez donc, je vous en prie ! J’accepte toutes les railleries, ce n’est pas pour cela que je dirai que je suis gavé quand j’ai faim ; je sais quand même que je ne me contenterai pas d’un compromis, d’un éternel retour à zéro pour la seule raison qu’il est conforme aux lois de la nature, et qu’il existe réellement. Je ne considérerai pas un immeuble pour locataires pauvres sous bail de mille ans et, à tout hasard, présence d’un Wagenheim, dentiste, avec enseigne à l’appui, comme le couronenment de mes désirs. Anéantissez mes désirs, effacez mes idéaux, montrez-moi quelque chose de mieux, et je vous suivrai. Vous me direz, ma foi, que le jeu n’en vaut pas la chandelle ; mais dans ce cas, raisonnons sérieusement ; mais si vous ne voulez pas me faire l’honneur de m’accorder votre attention, je n’irai pas pas vous faire des courbettes. Moi, j’ai mon souterrain. Et tant que je vis, tant que je désire, que je perde l’usage de mes mains si j’apporte la plus petite brique à l’édification de votre immeuble pour locataires pauvres ! Oubliez que tout à l’heure, c’est moi-même qui ai répudié le palais de cristal pour la seule raison que je ne pourrais pas lui tirer la langue. Peut-être mon coup de sang ne provenait-il que de ce que de tous vos édifices, il n’en est pas un seul auquel on pourrait ne pas la tirer. A l’inverse, je me laisserais, de gratitude, entièrement couper la langue, si seulement les choses s’arrangeaient de telle sorte que je n’aie plus jamais l’occasion de la tirer. Si elles ne s’arrangent pas ainsi et s’il faut se contetenter de longtemps à bon marché, qu’est-ce que vous voulez que ça me fasse ? Pourquoi suis-je agencé de tels désirs ? Est-il possible que je sois uniquement agencé pour en arriver à conclure que mon agencement est uniquement fait pour me blouser ? Est-il possible que c’en soit le seul but ? je ne le crois pas. D’ailleurs, vous savez, je suis convaincu que nous autres, les hommes du souterrain, il nous faut tenir la bride haute. Bien que nous soyons capables d’y rester quarante ans sans desserrer les dents, quand nous remontons vers la lumière et que ça éclate, nous nous mettons à parler, parler, parler. |
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