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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2009-08-02 | |
Extrait de "Châteaux intérieurs"
Avant-propos De France en Belgique, de résidences en souvenirs d’ici et d’ailleurs, de la mer à la ville, du pavillon de banlieue au château abandonné de Lexhy…, entre 1946 et l’année 2009, douze temps, douze chapitres correspondants a douze domiciles de l’auteur, mais plus encore, douze endroits de « passage », où le locuteur lui-même, a été également habité par ces lieux insolites, pleins de présences et de poésie. Introduction Encore debout ou couchées tels des vestiges oubliés, de boue ou de bambous, les maisons sont sans âge, mais pas sans histoire et sans mémoire ; elles sont habitées, infestées parfois, remplies de souvenirs, de sons comme des pleurs et de cris, des voix d’hommes et de femmes, de pleurs et de colères, de rires et de jeux des enfants et le soir venu quand se couche le soleil, de prières récitées au pied du lit et de contes lus à la frontière des oreillers, avant que le rêve lui-même ne vienne habité de ses torpeurs la maison que nous sommes. Elles sont pleines d’images de naissances et de fin de vie, de rencontres, de moments tendres ou cruels, de repas convivial, de secrets de famille que seules les briques entendent et restituent au fil du temps, surtout quand on sait écouter les bruissements de la pierre, paroles de briquaillons à mots cailloux, et plus encore, quand on peut discerner les subtils gémissements des courants d’air entre les murs des espaces intemporels, dans les joints des fenêtres entrouvertes et les jointures des portes entrebâillées, bâillantes à souhait, là où partent avec les énergies du jour les fantômes de la nuit (...) Car les ciments et les plâtres parlent une langue étrange, éteinte depuis longtemps, celle d'Avalon peut-être ? Eteinte, comme l’âtre où l’on a brûlé une dernière lettre d’amour. Une langue que le béton ignore, inscrite en runes dans les cendres, peut-être une langue morte au faîte de la bêtise humaine ? Langage des espaces murés que seuls les grands médiums et les poètes savent encore entendre dans les échos grinçants des meubles servants de guéridon. Comme les fils tendus au bord des fenêtres disent la vie si ténue, presque imperceptible de l’araignée qui s’y tisse comme un chemin d’oubli, les maisons de papier, fragiles et dérisoires se perdent dans le temps des maisons, un temps où les pendules sonnent l’heure du drame ou de la comédie. Il en est de même des cabanes romantiques au clair de lune, ou de celles qui se vident de vie au fin fond des steppes arides, des déserts sans espoir et des forêts vierges les plus reculées, où l’homme projette de construire dans les dix ans à venir, un hypermarché pour vendre en contrainte-service des technologies toujours nouvelles et des idées sous cellophane. De la première cabane habitée par l’homo casa jusqu’à notre dernière demeure, ad vitam æternam, l’homme a toujours été habité par l’habitation, on nomme ça l’incarnation. Ainsi, il peut même habiter et habiller ses peurs et ses ennuis, se barricader ou s’ouvrir, sortir par une porte dérobée, habiter sa vie comme on loge son corps, comme on héberge ses angoisses, couchant ses désirs et ses envies d’impossibles habitations. (...) L’enfant, quant à lui, se contente d’un drap jeté au vent, de couvertures étalées de chaises en fauteuils, de boites de carton découpées, de coffres ou de placard, ou du fond d’une armoire. Où bien, l’enfant se cache derrière le sofa et le tour et joué, l’instant est magique, pour entrer « dans l’entre », dans « l’antre aux enfants » où il ne reste plus qu’a attendre l’inconnu, ressentir l’imprévu, avec un peu de crainte au ventre. L’enfant à toujours construit des cabanes, dans la terre ou dans les arbres, depuis toujours, de par le monde, tous les enfants font des cabanes tout comme les poètes qui sont infestés de mots, se font des cabanes de poèmes et s’habillent de métaphores tant ils sont habités de Verbe. (...) |
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