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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2008-09-30 | | Marlena Braester, La lumière et ses ombres, encres d’Albert Woda, éditions Jacques Brémond, Le clos de la Cournilhe, 30210 Remoulins sur Gardon, 15 euros. Cet été, au festival Voix de la Méditerranée de Lodève, Marlena Braester déclarait : « Oui, il y a beaucoup de sable dans mes livres ». Ce qui tient à la fois le plus quotidien du poème écrit sur le motif, dans le désert, et son infini spécifique : un rapport au temps (« laps de désert » dit-elle) et réénonciation du monde par le dire d’un sujet. La lumière et ses ombres relève ainsi, dès le titre, d’une poétique où tout est acte de vie, où les contraires ne s’opposent que pour mutuellement se créer langage : sous la calme tempête de la résonance le langage naît (11) Le « contrepoint » travaille, « contre-jour à contre-nuit », « le point du jour dans le point de la nuit » (13), dans le « gouffre de lumière » (16), vers une représentation du temps qui continue le chemin tracé depuis Oublier en avant (Chez Jacques Brémond déjà , prix Ilarie Voronca 2001) et que Bernard Mazo, dans sa présentation de Lodève, avait voulu un peu rapidement, un peu facilement, assigner à , encore et toujours, "l’après-Auschwitz", en y opposant, encore, toujours, un "devoir de mémoire" qui, à force de ne pas s’interroger lui-même, est devenu une forme subtile d’amnésie par laquelle la "question (toujours aussi peu) juive" fait l’oubli des poèmes, la surdité aux spécificités. Chez Marlena Braester, c’est bien le présent qui pose son évidente force d’à -venir jusque dans ce qu’il transforme et porte du passé. D’un livre à l’autre, le poème s’écrit dans le « cahier de la continuité » (18) : tu te ramasses au bout du souffle au bout d’un futur de plus en plus antérieur depuis tu cours vers l’après dans la tombée du jour dans la tombée de la nuit la lumière de la fin se mêle à l’éclat du commencement (17) Alors « les échos et les ombres » font la prophétie de ce qui arrive par le poème, par sa rime-vie, où même l’oubli est encore à entendre, par sa voix au futur « de plus en plus antérieur », qui parle « vers l’après » : nous serons le passé qui nous aura traversés un seul échos une seule ombre effaçant l’absence (35) Et la lumière est le moyen d’évoquer un sujet que son dire fait venir dans les mots, par ce qui se passe entre les mots, par ce qui du sujet passe, ce qui de lui ne fait que poindre dans le poème, et qui est ce que la relation concrète en fait : le jour prononce je tu restes debout jusqu’à l’opacité (25) Oui, il y a beaucoup de sable dans les livres de Marlena Braester, et beaucoup de temps. Comme quelques grains font et défont le désert : « arracher l’infime à lui-même » (51) dit-elle. Alors tous les temps sont dans le présent du poème quand « la clé d’une voyelle neuve / […] / fait résonner l’instant dans l’instant / avant que maintenant ne se dissipe / dans l’immédiat » (45). Les encres d’Albert Woda répondent le poème quand le grain joue des ombres et de la lumière, le geste du plasticien de l’immobilité des figures esquissées dont la solitude puis l’assemblée qui commence font aussi notre rapport au poème, solitaire et tourné pourtant vers l’éthique d’un faire connaissance par tout ce que nous fait le sujet du poème quand son poème l’invente. Le livre s’ouvre sur un dernier poème, « enroulement du continu », où la « spirale » (c’est le dernier mot) fait entendre aussi que le sens est respiration, et la mémoire non une répétition linéaire du même mais « arrachement à soi » et « boucle infinie ». Infinie la lecture, aussi, de ce livre, car la voix de Marlena Braester est de celles qui n'arrêtent pas de nous continuer. |
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