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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2004-07-13 | | Inscrit à la bibliotèque par Nicole Pottier
ICI dans l'île
la mer et quelle étendue! sort hors de soi à chaque instant, en disant oui, en disant non, non et non et non, en disant oui, en bleu, en écume, en galop, en disant non, et non. Elle ne peut rester tranquille, je me nomme la mer, répète-t-elle en frappant une pierre sans arriver à la convaincre, alors avec sept langues vertes de sept chiens verts, de sept tigres verts, de sept mers vertes, elle la parcourt, l'embrasse, l'humidifie et elle se frappe la poitrine en répétant son nom. ô mer, ainsi te nommes-tu. ô camarade océan, ne perds ni temps ni eau, ne t'agite pas autant, aide-nous, nous sommes les petits pêcheurs, les hommes du bord, nous avons froid et faim tu es notre ennemie, ne frappe pas aussi fort, ne crie pas de la sorte, ouvre ta caisse verte et laisse dans toutes nos mains ton cadeau d'argent: le poisson de chaque jour. Ici dans chaque maison on le veut et même s'il est en argent, en cristal ou en lune, il est né pour les pauvres cuisines de la terre. Ne le garde pas, avare, roulant le froid comme un éclair mouillé sous tes vagues. Viens, maintenant, ouvre-toi et laisse-le près de nos mains, aide-nous, océan, père vert et profond, à finir un jour la pauvreté terrestre. Laisse-nous récolter l'infinie plantation de tes vies, tes blés et tes raisins, tes boeufs, tes métaux, la splendeur mouillée et le fruit submergé. Père océan, nous savons comment tu t'appelles, toutes les mouettes distribuent ton nom dans les sables: mais sois sage, n'agite pas ta crinière, ne menace personne, ne brise pas contre le ciel ta belle denture, oublie pour un moment les glorieuses histoires, donne à chaque homme, à chaque femme et à chaque enfant, un poisson grand ou petit chaque jour. Sors dans toutes les rues du monde distribuer le poisson et alors crie, crie pour que tous les pauvres qui travaillent t'entendent et disent en regardant au fond de la mine: «Voilà la vieille mer qui distribue du poisson». Et ils retourneront en bas, aux ténèbres, en souriant, et dans les rues et les bois les hommes souriront et la terre avec un sourire marin. Mais si tu ne le veux pas, si tu n'en as pas envie, attends, attends-nous, nous réfléchirons, nous allons en premier lieu arranger les affaires humaines, les plus grandes d'abord, et les autres après, et alors, en entrera en toi, nous couperons les vagues avec un couteau de feu, sur un cheval électrique nous sauterons sur l'écume, en chantant nous nous enfoncerons jusqu'à atteindre le fond de tes entrailles, un fil atomique conservera ta ceinture, nous planterons dans ton jardin profond des plantes de ciment et d'acier, nous te ligoterons les pieds et les mains, les hommes sur ta peau se promèneront en crachant en prenant tes bouquets, en construisant des harnais, en te montant et en te domptant, en te dominant l'âme. Mais cela arrivera lorsque nous les hommes réglerons notre problème, le grand, le grand problème. Nous résoudrons tout petit à petit: nous t'obligerons, mer, nous t'obligerons, terre, à faire des miracles, parce qu'en nous, dans la lutte, il y a le poisson, il y a le pain, il y a le miracle. Traduit par Ricard Ripoll i Villanueva
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