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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2006-12-06 | | Fin de la première lame et seconde.. Voici le gué, le passage entre deux rives plombées et dans les ombres floues, les cendres retombées du brasier machinal remuant les fanges les échos de son sinistre appel d’épouvante au sortir de l’usine sur le pavé gelé de décembre les spires échouées des brumes de l’hiver C’est un fleuve cette rivière, un océan ce ruisseau les méandres d’un source dans les lignes d’une main Je tiens dans la fragile sphère d’une goutte d’eau le juste équilibre entre calcite et sublimé l'émergé le submergé le pétrifié et le vivant Je distribue l’unique rôle à l'ancre le gisant, à même le jaillissement du geyser au jusant, dans l’avarie du tourbillon des tempêtes L’albatros aux ailes d’acier découpe par chemins de traverse le filigrane des nuées esquissant d’un coup d’aile les formules épicées alcool & éther, poivre, girofle & curcuma l'alchimie du voyage Ce fil que je tiens, respir sur la lande Le cerf-volant retient le ciel de tomber la pierre se briser, le chardon fossiliser les actinies échevelées de s'ébouler au creux lactescent des songes une gouache blanche un calque non pas un masque pour celer mais sous la trame révéler la gestation du monde Je boite un peu Sur les galets clopin- -clopant une Dunhill endimanchée les très Riches et éphémères volutes d’abondance la route est longue et la pente pentue jusqu’à la guinguette du Walhalla déserté où les Dieux avinés faisaient la manche le fourmillement nombreux hermaphrodite des alisiers la soif jamais étanchée éclusant les norias amères la ronde ophidienne ophélienne d’autres visages Epopée Islanerienne (Deuxième lame) C’est ainsi qu’un matin dans le fœhn et les brouillards Je perdis définitivement le beau phénix de ma route constitué de cailloux, les galets que d’en moi je soutirais J’attendais le bus à impériale sous le auvent d’une échoppe chinoise où chantaient des nids dans le marécage bouillonnant des soupes de champignons et de vermicelle gluant deux baguettes serrées dans le tiroir de la mémoire celles de mon père qui mangeait du canis lupus ou bien les sept vies de jade du chat énigmatique dans le bruit incessant des quatre vents la chute en cascade des tuiles du Mah-jong et des piastres d’argent sur le tapis usé mes moires figées sous la bise l’avalanche rectiligne des rues qui s’en vont et reviennent jusqu’aux frictions du sommeil et l’oubli une chaotique traversée d’étroite lumière à claire-voie à travers les persiennes de la mort Mon navire ruisselant déjà prenait l’eau j’écope depuis le premier jour pour qu’avec lui je ne sombre dans la futaie tragique des voiles derrière la palissade sépulcrale où l’on jette pêle-mêle les canettes de bières froissées les dernières nouvelles de l’hier les roues voilées du temps Je n’en reviendrais pas d’être parti Un beau matin de vacuité sous l’abri des haut-vents où défilent des montagnes dans la pluie la plus noire passent des vélos à peine plus dérisoires que ce qu’on fit de nous quantième de l’espérance quelques signes crucifiés ultime palimpseste en rade sur le calendrier des Postes et toujours la pierre qui s’en retourne en nous la rosée cardinale du sable ce crissement sur l’étrave aux planches vermoulues des goélettes les silhouettes du large tandis que se tétanisent les concrétions du cyclope des ligaments du genou voyageur aveuglé cinglant vers l’inconnu différé par une balade sur les graviers éparpillés Sargasses de l’attente dans ce brûlant encendrement sous-marin les chutes des copeaux-madrépores des concrétions coralliennes délitement des nerfs et de la respiration dans l’étuve des mangroves où glissent les serpents d’antimoine et de mercure aux écailles d’or ou bien ce sont des mots-lierres, des lianes murmurées à la conque la nacre d’un poème entre les huiles lourdes, les nappes de mazout un chant filtré par les lœss les écorces fossiles, la ramure turquoise tombée du fond de sa hauteur, jusqu’en l’anémie des profondeurs L’anomie et moi qui pousse la porte des grands-fonds pour sortir des cathédrales chaotiques de l’usine emprisonné dans les orgues des gestes le mécanisme du non être les plombs du vitrail civil codifiés telles les messes d’avant la liturgie funéraire du temps présent équerres, rabots, sextants compas, gouges et ciseaux varlopes, mortaises et tenons une veille d’usure sous le dais de velours les os d’ivoire des cierges, des bougies les tropes métronomes d’une pointeuse avide de trouer en toi le vouloir le désir ainsi qu’on mouche une lueur trop vive Ce ne sont pas des fenêtres, elles ne s’ouvrent pas à la lumière elles l’emprisonnent, des bras morts de ses lagunes captives pour iriser le travail des vivants de soumissions, de remords de vapeurs et de bruits ahurissants mitigeant la peur, la révolte jusqu’à perdre pieds dans l’ordre machinal de la dissolution Pour savoir, d'instinct je savais Il suffit de contempler les murs pour se statufier dans la pierre la latitude écussonnant le vent dans ses quartiers Au premier d’écume, le bandeau d’une Nef un narval lauré, le rostre d’une licorne Au deuxième d’Azur, une clef en tête plus une lyre dans le tramail de l’éclair Au troisième, d’orage encor étoiles filantes en dextre l’enjambement d’un pont cinq rais d’argent le fleuve Au quatrième un peson aigle et serpent la mi-nuit en un bouquet de chélidoine * Puis l’arcane bancale l’unique carte du bateleur Mage et arlequin un bâton à la main indiquant la voie et l’origine devant une table à trois pieds couverte de soufre et de sel portant une coupe de fiel ou d’eau lustrale esquissant une vérité escamotant la réponse le fléau alternant la démesure entre le cœur et la raison Nous sommes venus de si loin à travers la pluie vague dérouler le fil du voyage. On marchait dans la nuit au-dessus des rivières cloutées de poissons morts vers les manufactures Déjà la fin du silence défaisait le monde chaque geste qu’il fallait remettre et le temps qui passait plus vite que son ombre Lumière des confins et des venelles avec ses airs nocturnes ses infusions de lenteur. Les passerelles pourraient dans le fragile s’effondrer Naître encore mais vraiment de cet arrachement Ce geste de délivrance s’emporter au-delà de la linéarité d’une ligne de fuite C’est ici que je suis sorti de l’autoroute Pour me désaltérer, dans un gave glacé et nulle autre pensée que d’être de ma soif délivré tandis que l’eau cesse de sourdre entre mes doigts je revois mon vieux voisin le cordonnier buvant à la fontaine, effrayament heureux comme si le monde coulait dans son regard sans le troubler ni l’altérer. Parce qu’il n'en avait rien vu advenir Ou bien tout accepté, au seuil du passage ? Je n’ai pas tranché Avec quelle liquide obsidienne Aurais-je pu accomplir cette césarienne lumineuse des eaux- -liées aux bûchers sur la lande les feux des naufrageurs les torsades flamboyantes des sarments les spirales affolées des abeilles la chevelure incendiée des Gorgones l’arc-en-ciel après la pluie tout ce qui fut donné au regard et ne sera jamais qu’à rebours scruté jusqu’aux strates fossiles dans l’ambre opacifié des hiers J’occupe l’Espace Sans hors ni dedans que moi je dis « Lieu » et non pas un départ qui suppose d’arriver au bout de quelque part qui scinderait le Tout en miettes et fragments dissolutions opiacées dans l’alchimie des semblances agrégeant une vie contenue entre les parallèles du vide un sas où l’orage essore lentement ses pétales pourpres Dans les clepsydres, goutte à goutte se dissout le temps Ô que vienne en moi la mer, instillée d’un éclat du silex sur ce chemin de traverse près des monts et des neiges les rangs de tournesols, les laines bleues du lin dans sa cosse chaude l’alcool du voyage les griffes les épines l’à vif des blessures Ou sur mon visage l’averse vulnéraire le sang des mandragores sur le pavé d’une rue oubliée revenue enrouler dans ses lames l’étreinte fugace d’un instant indiciblement plus vaste qu’il ne le fut magnifié par l’absence Vois ce mouvement de l’obscur au jour emmêle ses remords les traînes glacées d’une nuit blanche de givre et de lueurs Je croyais que c’était une île Cette île, dont chaque ressac découvre la chaussée submergée recouvrant par une autre marée sa solitude insulaire d’être un fragment indissociable des mouvances océanes jusqu’à l’excès la déraison Au loin, on dirait un navire, se dissolvant lentement dans les brumes le creux d’une ruelle sans fin, un haut-fond que signale l’œil d’un fanal dans les prismes changeants, les jeux discontinus des miroirs sans dire vraiment quel sera le chemin s’il mène ou bien ramène par de très longs détours, alternances de nuits et de clarté en un vide plus grand que ne le fut la vacuité des êtres Nous, marchant sur le fil entre les gouffres du ciel et ceux d’ici-bas, faisant un lien souple et cassant retenant ce qu’il se peut, ce qui pourrait se disperser évaporé dans les dissolutions de la mémoire Le Monde commence avec moi qui le prolonge arc-bouté d’une rive à l’autre depuis la première pluie le pont que fit naître la rivière pour joindre et disjoindre en même temps la promesse d’aller fonder ou détruire combattre ce temps de dilution est-ce renoncer que détresser la patience dans les herbes luisantes de la disparition ondoyant sous la peau féline des mots puis revenir avec les résurgences briser les phases aphasiques du sommeil rendre aux phasmes l’art du mouvement lorsque l’on retrouve l’usage de gestes cristallisés par la lenteur les entraves de l’abandon N'entre pas dans les cercles de la Norme Il te sera fait grief d'être libre encore l'on n'aura de cesse de te faire plier intégrer le moule formaté du conforme où le chant tombe en brindilles mortes, poudroient les spores détachées du Désir Ne me dis pas quel vent se lève du linceul de sa gangue alluviale sa chrysalide de poussière puis se métamorphose en élytre déplie et déchire l’espace en y plongeant une aile ou bien une rame brisée par les segments du soleil L’oracle n’a pas su prédire sa mauvaise fièvre Il dort ivre de vin chaud, badiane & cannelle dans la venelle étoilée près du ciel de lit où la lumière pleut, enfin elle fait ce qu’elle peut pour allonger son ombre sur le tapis de Haute-lice entre le livre de Taliesin, l’épopée de Gilgamesh sans disperser les écorces d’oranges flétries THE BATTLE OF TREES (Cad Goddeu) …/… J’ai vécu sous des formes variées avant de trouver la liberté je fus une courte épée tachée de sang Je sais que lorsque je fus créé j’ai été gouttes de pluie dans les airs contemplant les étoiles lointaines j’ai été un mot dans une lettre livre des origines; Pendant une année et demie je fus d’incandescentes lanternes un pont déployé par-delà soixante estuaires Je fus la traque du chasseur je fus un aigle une barque fragile sur la mer l’effervescence d’un breuvage terrassant les hommes une larme dans l’averse J’ai été la dague étreinte par la main le bouclier dans le combat De longues années je fus La corde d’une harpe fantôme écume sur l’océan étincelle dans le feu Une bûche dans la fournaise Je n’existe que par le chant depuis toujours je chante et j’ai chanté à la Bataille des arbres …/… (The book of Taliesin ; trad. Felipe Da-Islanera) .../... |
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