Au creux d’un fruit

Et dans le creux d’un fruit
M’apparut ton visage,
Fleur de chair réfractée
Au regard sulfureux
Ta saveur a coulé
Dedans ma gorge en feu …
Depuis, la soif de toi
Dévore mes entrailles !


La grenade a fendu pour toi
Sa pulpe rose
Et le jus a coulé sur tes seins
Pleins et lourds
Et la taille cambrée
Dans les jeux de l’amour
Tu as tendu pour moi
Des lacets redoutables !

Sur ton cou ruisselaient
En perles opalines
Les grains acidulés
Qui étanchaient ma soif
Pour un temps seulement,
Car tes assauts, coquine,
Me remplissaient encor
D’un feu toujours plus noir

Depuis, j’ouvre les fruits
Sans couteau ni sans lame
Tant je crains d’effleurer
De ta chair, le satin,
De peur de te blesser,
De voir couler tes larmes
Et qu’on me prenne alors
Pour un vil assassin !


MARCEK (Les souvenirs d'Octave)