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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2006-08-29 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt
… il est, au cœur de la vallée, un étang que
l’on nomme l’Etang mystérieux. Je connais un étang qui somnole, blêmi Par l’aube blême et par le clair de lune ami. Un iris y fleurit, hardi comme une lance, Et le songe de l’eau s’y marie au silence. Aucun souffle ne fait balancer les roseaux. Le ciel qui s’y reflète a la couleur des eaux. Le flot recèle un long regret lascif et tendre, Et le silence et l’eau trouble semblent attendre, Là , les larges lys d’eau lèvent leur front laiteux. Les éphémères d’or y meurent, deux à deux… Je choisirai, pour te louanger, les paroles Qui coulent comme l’eau parmi les herbes folles. Les lys semblent offrir leur coupe bleue au jour : C’est l’élévation des calices d’amour. Les éphémères font songer, tournant par couples, A des femmes valsant, ondoyantes et souples. Les lotus léthéens lèvent leur front pâli… Ma Loreley, glissons lentement vers l’oubli. Dans un royal adieu, tenons-nous enlacées Et mourons, comme les libellules lassées. Je te dirai : « Voici l’Etang mystérieux Que ne connaîtront point les hommes curieux. « Viens dormir au milieu des lys d’eau… L’iris tremble, Et nous nous étreignons, nous qui mourrons ensemble… » … Je connais un étang qui somnole, blêmi Par l’aube blême et par le clair de lune ami. Et, sous l’eau de l’étang, qui mire les chimères, Des femmes vont mourir, comme des éphémères… (Renée Vivien, À l'heure des mains jointes, 1906)
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