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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2009-05-17 | | PRESENT A LA PRÉSENCE DU TEMPS « Avec le temps... Avec le temps, va, tout s'en va On oublie le visage et l'on oublie la voix Le cœur, quand ça bat plus, c’est pas la peine d'aller Chercher plus loin, faut laisser faire et c'est très bien … » (Léo Ferré) Présent à la sainte liturgie du temps qui passe Je contemple les clepsydres des larmes sur les joues Quand pleurent les enfants contre la vitre froide Nous marchons pour ouvrir l’avenir à la présence D’une réalité plus grande que la réalité Je mesure l’émoi aux ressorts des horloges Quand passe la durée et que dure l’ennui Même les traces s’effacent sur les plages de Mes sens Même les horloges rient pouffent Ignares Des secondes qui s’enlacent Pour saillir les heures contre les traversins Aux grands lits des torrents Qui dévalent sans pause Telle la course des mantes peu religieuses Contre la folie des montres Au goût salé du métal Les montres sont des monstres tout affamés de temps Came à sous draps Cape à sous-pieds Calles et mécanisme des hors loge hors moi À moins de faire l’amour au temps J’ai plus le temps de faire l’amour Plus le temps de respirer l’azur La vague et le vent Quand la minuterie vous suit Haleine de trop près puante Des pets de sonneries prêtes À pester le glas S’il ne manque pas d’espace L’espace manque au temps pour étendre ses bras Et ses mains trop noueuses de maux Je crispe et le temps manque à l’espace pour Feindre la crampe de vagues nébuleuses La crainte des pendules aux balanciers D’un Damoclès qui rame de papier Écouter l’écho brutal Des écrits qui sonnent mal Des carillons qui violents au supplice de la cloche Des heurtoirs des frappeurs de monstres-bracelets À remontage ontologique Voyez nu net cru vif L’automatisme des chiffres sous la panse des trotteuses Derrière des verres de monstres glacés Par la couse de fond Les pieds liés aux chaines des monstres Le poète est lui-même le maillon faible de temps Le maillon manquant entre l’infini et l’éternité Le pantin morbide d’un mouvement d’horlogerie Ininterrompute Aucun remontoir ne remonte le temps Mais tout semble démonter mes chairs Aux multiples roues et barillets Qui cliquettent entre mes dents Engrenage pour mettre en cage les mots Dans des plaquettes clapiers Et me mettent en nage à l’ancre des potences Là où sont pendus aux poids des sonneries Les poètes qui tètent les nénés du mauvais temps Mécanique électrique atomique mural cruciforme Comme un réveil de voyage qui n’aurait pas dit Son dernier vers Même les coucous des horloges ne dorment plus assez Mécanisme d’acier nickelé comme des os séchés à blanc Au soleil qui se couche dans un raz de marée Rouge sang le jour où Cronos et Chronos se confondent Pour mutiler le père et devenir des dieux De l’Espace et du temps Jour d’une salle gueule d’un lendemain de blessure D’un matin blême et brumeux Quand le réveil se fit douloureux Pour l’être en guenille au bord des crispations D’une main gauche Jour « J » à l’aube des sabliers rependus en vrac Là au chevet de mes yeux écarquillés par les derniers soupirs D’un chronomètre cassé à l’heure hache. Roland REUMOND
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