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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2009-05-16 | | LE SANG DES VIOLONS « Les sanglots longs des violons de l'automne blessent mon cœur d'une langueur monotone » Dédicace: À Paul Verlaine, à mes ancêtres ménétriers et ménestrels et à tous ceux qui ont fait de leur vie un violon dingue. Le langage des vagues serait-il comme le langage des fleurs ? Contre mes rétines voyeuses Le vent et la vague accordent leurs violons Archets d’écumes tendus comme arc au ciel Auprès des falaises de mon corps La vie au long des jours trémolos Comme un vibrato tourne ses heures Emportées à violer un sang d’encre À langueur d’hémoglobine Pourquoi tant de métaphores et de calambours ? Parce que les images comme l’or des clés Ouvrent des portes aux vents Et des fenêtres à la lumière Pour laisser entrer le sens Cordes instrumentalisées pour la vie Avec des eaux et des basses Des os croqués par l’âge et des bacs de passage Vièles vieilles violes vie à la vitesse v La Manche est comme le manche d’un violon Corps de résonnance caisses éclisses éclipses Des mots plasma aux mots sérum Entre le chevalet et la feuille de papier À force de tendre l’oreille aux ressacs L’ouïe ne reconnait pas les mots d’amour À la lettre même des affections blessées Les poètes seraient-ils les luthiers de l’écriture Dans l’ouverture sonore d’un au-delà de soie ? Cordier à queue d’une écriture folle Tire-cordes de l’âme tendue suspendue Entre flux et reflux de poitrine Entre l’infini et l’éternité D’un sol ré la mi qui n’arrête pas De joindre l’horizon couleur sang Accordailles des sangs mêlés Chantres et chanterelles des chœurs d’anges Là où les sourdines se sentent étrangères À la Présence Colophane qui me colle aux rétines Hausse de tension et d’archets Pour feindre la respiration Celle des halètements douillets À la baguette cinglante des veines bleues Des mèches de crins des grands chevaux de mer Violon sel entre mes genoux irrités Sillons au fil de l’eau qui se trace de l’écriture de l'âge des dieux Les vents s’y lèvent tôt pour écrire ses pictogrammes Dans l’âme des hommes à même les rides Pour aviver les cœurs aux chevalets des nerfs Clef d’harmonies galbées d’eaux Aux moulures de mes chairs vives C’est le long viol des âges qui ravine mes escarpements Et le flux sur les rochers violacés et violonés Par la main des marées Les poètes ne seraient-ils que des violoneux de papier ? Les poètes ne seraient-ils Les derniers violons d’une armée en déroute ? Contrebasse contrefort contre vents et marées Des quatre cordes des quatre horizons De mes quatre diaphragmes noués vifs Jouer l’enjeu d’un je dénudé Jouer en quinte de toux qui se frotte aux archets Jeux sur le sable à plages déployées Musique comme une profonde prière Entre l’aube et l’aubade à l’épaule du matin Et le crépuscule au menton des brumes épaisses Les sons calligraphient les échos des crincrins De souffles d’eaux et de sels marins Comme des auréoles sur la surface huileuse des océans « Dame la mano » aux vents pour marcher sur l’eau Dans sa robe de crinoline en corbeille de fruits De mer Sonate pour violons et flous Pour violons à clous À corps et à cris Alto altitude des abysses noirs Corolle d’écumes blanches Au calice des grands fonds Au long des longues jetées obscures Le je se jette à la mer Là où va toute l’eau des océans Roland REUMOND
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