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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2009-04-04 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt
Vallée du Gavaudun.
Ne me parlez ni de la tour, Ni des belles ruines rousses, Ni de cette vivante housse De feuillages en demi-jour. La gorge est trop fraîche et trop verte; La rivière, comme un serpent, S'y tord, à peine découverte Sous trop d'herbe où reste en suspens Le mystère des forêts vierges. Ne me parlez ni de l'auberge, Ni des écrevisses qu'on prend Dans la mousse et les capillaires. Je n'ai vu, de ce coin de terre, Ni la paix du soir transparent, Ni celle des crêtes désertes. Mais, barrant le ciel, deux rochers Tout à coup si nus, écorchés, Avec plusieurs bouches ouvertes! Vers ces bouches noires, clamant On ne sait quelle horreur ancienne, Savez-vous si, furtivement, De pauvres âmes ne reviennent? Où sont-ils, où sont-ils, mon Dieu, Ces parias vêtus de rouge Qui, là -haut, guettaient les soirs bleus Par les trous béants de ce bouge? Grotte des Lépreux, seuil maudit Au bord de la falaise ocreuse... Il faudrait qu'on ne m'eût pas dit Quel frisson traversait jadis Ce décor de feuilles heureuses... (In Les Poèmes de Sabine Sicaud, Paris, Stock, 1958)
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