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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2009-03-30 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt
Sur toi Hélène souvent mon rêve rêva
Tes beaux seins fléchissaient quand Pâris t’enleva Et savais-tu combien d’hommes avaient tes lèvres Baisé depuis Thésée jusqu’au gardeur de chèvres Tu étais belle encor toujours tu le seras Et les dieux et les rois pour toi firent la guerre Car ton corps était nu et blanc comme ton père Le cygne amoureux qui jamais ne chantera Si ton corps toujours nu exercé à la lutte Inspirait l’amour Hélène fille d’un dieu Les hymens sans flambeau ni joueuse de flûte Nombreux qui aux matins cernaient de bleu tes yeux Avaient avec les ans que n’avouent pas les femmes Fait souffrir ton visage et tes lèvres fanés Mais tes grands yeux étaient encor jeunes ô dame Et le fard sur tes joues recouvrait les années Mais tu n’étais point vieille et tu dois vivre encore En quelque bourg de Grèce belle comme alors Tu n’étais pas plus belle quand te dépucela Le vainqueur de brigands Thésée qui te vola Quand on entend la femelle de l’alcyon Chanter la mort est proche et pour vivre en nos rêves Immortelle et belle Hélène ô tentation Bouche-toi les oreilles ô vieille aux douces lèvres Quand te nomme un héros tous les hommes se lèvent Hélène ô liberté ô révolutions (Guillaume Apollinaire, Le guetteur mélancolique)
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