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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2009-03-26 | |
À lire la peur dans les yeux des images,
À respirer la poisse aux mamelons des nuits, À survivre aux loups à toute heure du jour, À chanter à tue-tête des psaumes imprononçables, À rester droit toujours aux piliers de la Terre, À tenir tête aux échos de tous les bruits d’étreintes, À caresser les choses qui échappent des mains, Faire de la poésie à longueur de rivières, À pousser des coups de gueule aux portes des enfers, À donner la parole à ceux que j’accompagne, À accueillir mes frères avec tous leurs trésors, À tenir la lumière allumée dans les limbes, À porter secours à fleur de sentiments, À jouer du piano sur les notes de l’âme, À vous écouter dire que la vie ne vaut rien, À apprendre les mots qui donnent du bonheur, À préserver l’empreinte, des anges et des absents (…) J’apprends à devenir, plutôt qu’à exister ; être au vent, à la mer, au ciel à la marée. En vérité, descendre aussi au-dedans de moi-même, là où pointe l’éclat, où le royaume est roi. J’apprends à explorer des sources inépuisables, où habitent les bêtes, les hommes et même les dieux. J’apprends à empoigner, à plein corps, la vie, la chance qui est donnée à chacune à chacun. La vie du bon coté pour rattraper le temps qui glisse à à son verso. À consoler, encourager, le long des chemins, À sourire à la joie, à respirer la vie, À chanter ritournelles à mes petits enfants, À sécher les larmes à la chaleur du souffle, À manger des nouilles sautées Sur des mines trop cruelles, À faire de « la parole » mon banquet quotidien, À porter des guenilles pour cacher tant de honte, À trop avoir si peu d’amour à donner en partage, À sculpter yeux bandés des cathédrales de chair, À me mêler les pinceaux aux tubes des étoiles, À me moucher d’orgueil aux pochettes des nuages, À dire des gros mots qu’on regrette toute sa vie, À me gausser d’orgueil au lit des hébétudes, À faire ma sieste au creux des léthargies, (…) Apprendre à perdre haleine, au cœur de l’événement, à harponner la vague, avec mes mains fiévreuses, à s’ouvrir au présent, à l’autre et au Tout Autre. Accueillant la vie pleine, comme elle va, comme elle vient ; et puis jour après jour selon son doux refrain, sans trop me saisir de ce que sera demain, sans peur et sans reproche, apprendre à laisser la vie être vie en moi, à laisser l’amour, être l’amour en moi (…) Sans se faire violence, sans se lasser des faits, des couplets, des refrains, de tous ces petits riens qui font tout le bonheur : les doutes, les cruautés, les échecs, les blessures, comme une chère abondance coulant dans la nature. À pleines mains applaudir l’aujourd’hui, rendre grâce de l’aurore et louer le crépuscule. (…) Fragment Roland
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