Viens à mon secours ! Viens, m'enlever la licence
M'autorisant à boire autant dans ce bistrot.
L'heure n'étant hélas qu'une réminiscence
Je ne vois plus d'aurore à travers le carreau,

Rien qu'une solitude ajustant sa guêpière
A mon regard de chien : Imbécile. Têtu.
Au strip-tease devant la mousse d'une bière...
De quatre souvenirs je me suis dévêtu !

Ma cervelle n'est qu'un mélancolique gouffre,
Une maussade humeur... Seul dans ma Kronembourg
En ayant le droit de punir celui qui souffre
J'immole sur le grand duché du Luxembourg

Et ce coeur mécanique... Automate qui traîne
Au bord du crépuscule... A cinq heures moins dix...
Dans la bière flambée : Un bout de la Lorraine...
Et je donne à ce coeur un dernier tour de vis...

Dans la brume automnale accouplant mon haleine
Aux maux de gorge d'un incurable passé
Je tourne sur l'étang dénudé de Moulaine...
Frileusement autour du vieil arbre cassé !

Je tremble. Je grelotte. Agonie ! Agonie !
De toutes tes douleurs je me suis épicé.
Déculottant mon âme avec parcimonie,
Les larmes du chagrin se mettent à pisser...

Je les entends vomir sous mes lourdes paupières
Dans cet urinoir qu'est devenu mon cerveau.
Dégringolant ma vie, au bord du Pont des Pierres...
Sur le trottoir s'en va : Le long du caniveau...