Toi, ma meilleure amie ! Attendais-je un miracle
Devant le papier gras quand la plume le racle.
Entre le débonnaire et le dernier salaud
Indécise, la Muse amorce son galop
Sur la vague du jour moussante de champagne...
Et, pareil au vieillard ivre, elle raccompagne
Les traces de nous deux qui délaissant le banc
Dans les ronces du soir s'en vont en titubant.
Entre la guillotine et Marie-Antoinette
Tourbillonne le corps d'une femme sans tête,
Et me brûlant la chair sur des tréteaux de bois
Les feux de la Saint-Jean s'effondrent sous mon poids.
Cette heure enchaînée au bracelet de ma montre
Comme l'ombre d'un chien à la mienne vient contre,
Comme des croissants chauds juste sortis du four
Se répand ton odeur à chaque carrefour.
Mon amour combien dure une journée entière ?
Comment vit la seconde au coeur d'un cimetière !
De l'aube au crépuscule un cortège d'oiseaux
Parmi des poissons morts se partagent mes os ...
Et, rassasiés, repus, ces êtres effroyables
Au dernier des derniers des misérables diables
M'abandonnent. Je reste ... Aux enfers désormais
Les démons sont plus forts, bien plus forts que jamais !

Dans cette ville froide où transi je demeure
Où sans cesse s'efface et renaît la même heure ...