Une épée au temps des croisades
Plantée dans un coeur d'artichaut
Où marine sous des rasades
Et des rasades de vin chaud

Comme une noce purulente
Au pas du valet moribond
Dont la démarche chancelante
Ne réserverait rien de bon !

Dans le manteau de Sertrières
Passe-montagnes et passés
Derrière onze meurtrières
Et par des gommes effacés,

A la suite des grilles closes,
Dans la serrure de mon huis
J'entends me dire : Si tu l'oses,
Murmure à l'oreille des nuits

Combien sous une chaude tuile
Resteront-elles à l'abri ?
Ebouillantées par un bain d'huile,
Dans une odeur de poisson frit !

Quand la boucle de la ceinture
Tourne dans l'oeil du carrousel
Qui ne peut voir, même en peinture,
Le limon des bois de Mussel,

Quelques escouades haineuses
Sont, toutes pleines de dégoût,
Dans les douves intraveineuses,
Prêtes à me rompre le cou !

La fourchette du jour barbare
Entortille d'un spaghetti
Dans la panse du vieil avare
Les restes d'un fol appétit,

Aux roses de quelques fillettes,
Les bleuets d'un petit garçon ;
L'enfance dans les oubliettes
A jeté son cheval d'arçon !

Une animosité qui vêle
Alourdit d'un pesant anneau
Sous des pelletées de cervelle
Ma pauvre tête de moineau !

Dans le siphon de la baignoire ;
Que l'eau crasse traîne en longueur !
S'en va dans ce trou de mémoire
Le sang qui m'irrigue le coeur.

Dans le bois de Mussel, ensemble
S'accordent les clavecins. Ma
Musique de chambre ressemble
Aux gargouilles de l'estomac !

En chien errant, ma promenade
Va dans une gueule d'osier,
Comme une amère tapenade
Glisser le long de ce gosier.

Vilaine douleur peu loquace,
L'ombre naissante du vautour
Plane au-dessus de ta carcasse...
Comme ma peine tourne autour !

Par la faute d'une émeutière,
La vindicte de rudes rois
Dans la bourbe du cimetière
Fait pencher de petites croix...

Et le pas lourd comme une enclume,
Froid comme un cortège de morts
J'ai le coeur battu d'amertume...
Et les mains pleines de remords !