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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2008-08-19 | |
Du fond de mon berceau j’aperçois leurs visages,
Leurs mains rugueuses, timides, déjà ridées par l’âge. Comblé par leur amour, leurs sourires paternels, Je m’endors pour grandir ; mes vieux sont éternels. Maudite léthargie, qu’arrive donc l’éveil ! Le fort vent du Temps souffle durant mon sommeil ! Les bourrasques les portent du berceau au cercueil, Et j’ouvrirai les yeux sur le vide, et le deuil. Je ne vous oublie pas, je veux mieux vous connaître, Et remonter le temps pour vous faire renaître. Aïeul, raconte-moi l’histoire de tes pères, Aujourd’hui, tu le sais, mais hier est éphémère. J’ai bien rangées, chez moi, de vieilles photographies, Emouvants témoignages sur du carton jauni. Fines moustaches, chapeaux claque, robes de dentelles, Font de grand-père un roi, et grand-mère était belle. Mes pas sont incertains dans les couloirs du Temps. J’avance à pas de loup vers ces livres d’antan. Chaque jour est une page du livre de la Vie, Mais quand l’auteur s’en va, point d’encyclopédie. Effleurant la poussière de ces volumes anciens, Votre enfant veut les lire mais ne comprend pas bien ; Au milieu de grands vides, des phrases en peu de mots ; « Il était cordonnier, elle était de Bordeaux. » Les feuilles se déchirent et l’encre devient pâle, Ne resteront bientôt que les phrases principales. Quand ils tombent en poussière et filtrent entre mes doigts, Restent parfois un village, une alliance, une croix. Chers fantômes inconnus à qui je dois la vie, Croyez-moi, je vous aime, malgré les décennies. Si je ne vous trouve pas, si ma recherche est vaine, Votre héritage est là ; ce sang qui est dans mes veines. A celui qui après moi reprendra le flambeau, Quand nul ne saura plus où reposent mes os, Reçois d’un vieil ancêtre le salut fraternel, Car c’est bien grâce à toi que je suis immortel.
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