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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2008-07-26 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt (Chanson à danser) Mistral, ô vent, ô chasseur de nuages, Tueur d’afflictions, balai du ciel, Grand courroux, oh, que je t’aime! Ne sommes-nous pas tous deux les premiers nés D’un même sein, l’accord préétabli D’un même destin éternel? Ici sur les sentiers glissants des rocs, Je cours en dansant à ta rencontre, En dansant comme tu siffles et danses, Toi qui sans rame ni navire, Ô le plus libre frère de la liberté, Bondis par-dessus les mers sauvages. Au sortir du sommeil me frappa ton appel, J’ai dévalé jusqu’au banc des rochers, Au bord fauve de la mer, Salut! Déjà victorieux des monts, Tu accourais tout pareil Aux rapides adamantins d’un fleuve. Sur l’arène unie des cieux J’ai vu galoper tes chevaux, J’ai vu le char qui te porte, J’ai vu ta main se crisper Quand au flanc des coursiers Son fouet se fait éclair. Je t’ai vu sauter de ton char Pour foncer plus vite encore, Je t’ai vu réduit à une flèche Pousser droit aux abîmes, Comme un rayon d’or qui darde Par les roses de la première aurore. Danse à présent sur mille échines Dos des vagues, des vagues malignes, Salut à qui crée des danses nouvelles! Dansons sur mille modes, Que libre soit le nom de notre art, Et gai celui de notre savoir. Cueillons à chaque fleur Une floraison à notre gloire, Et deux feuilles encore pour notre couronne! Dansons comme des troubadours, Entre les saints et les putains, Entre le monde et Dieu, notre danse! Qui ne sait danser avec les vents, Qui s’emmaillote de bandes, Se ficelle en vieil estropié, Qui se fait l’égal des Tartufes, Des prétentieux benêts, des oies vertueuses, Qu’ils vident notre paradis! Allons souffler la poussière des rues Au nez de tous les malades, Chassons l’engeance des souffrants, Délivrons toute la côte Du râle des torses plats Et des regards sans courage. Chassons les trouble-ciel, Les noircisseurs de mondes, les pousse-nuages, Illuminons le royaume des cieux! Soyons retentissants! Ô esprit De tous les libres esprits, mon bonheur En partage avec toi, retentit comme l’orage. Et pour rendre éternel le souvenir D’une telle fortune, accepte son offrande, Prends ma couronne, emporte-la, Jette-la plus haut, plus loin, plus au large, Bondis à l’assaut des cieux, Accroche-la aux étoiles! (Friedrich Nietzsche, Appendice au Gai Savoir)
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