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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2008-06-16 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt
Du nord-est souffle
Le préféré entre les vents Pour moi, car esprit enflammé Et bonne route promet-il aux marins. Mais va maintenant, et salue La belle Garonne, Et les jardins de Bordeaux Là -bas, où sur la rive escarpée S’éloigne le sentier et dans le fleuve Tout au fond chute le ruisseau, mais par-dessus Regarde au loin une noble paire, Chênes et peupliers argentés ; Encore m’en souvient-il bien, et comment De la forêt d’ormes s’inclinaient Les larges cimes au-dessus du moulin, Mais dans la cour pousse un figuier. Aux jours de fête vont Les femmes brunes, là même Sur le sol soyeux, Au temps de mars, Quand égaux sont nuit et jour, Et au-dessus des lents sentiers, De rêves dorés alourdies, Filent les brises qui nous bercent. Mais que l’on tende, Pleine d’obscure lumière, Vers moi la coupe odorante, Afin que je puisse me reposer ; car suave Serait sous l’ombrage le sommeil. Il n’est pas bon D’être l’âme vide de pensées Mortelles. Pourtant est bon Un dialogue et de dire Le sentiment du cœur, d’entendre maintes choses Des jours de l’amour, Et des exploits qui s’accomplirent. Mais où sont les amis ? Bellarmin Avec le compagnon ? Plus d’un Ressent la crainte d’aller à la source ; Elle commence en effet, la richesse, Dans la mer. Eux, Tels les peintres, rassemblent La beauté de la terre et ne méprisent Pas la guerre ailée, et D’habiter seul, à longueur d’année, sous Le mât défeuillé, où la nuit n’est pas traversée par l’éclat Des jours de fête de la ville, Ni par celui du luth et des danses indigènes. Mais maintenant pour les Indes sont Partis les hommes, Là -bas par la pointe venteuse Des vignobles, où va Descendre la Dordogne, Et s’unissant à la somptueuse Garonne large comme la mer Se jette le fleuve. Mais il prend Et donne la mémoire, l’Océan, Et l’amour aussi attache assidûment les yeux, Mais ce qui demeure, le fondent les poètes. (Friedrich Hölderlin, traduction française de Patrick Guillot du poème « Andenken »)
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