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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2008-06-16 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt
Les rives du Gange entendirent du dieu de la joie
Le triomphe, alors qu’ayant tout conquis depuis l’Indus ici Venait le jeune Bacchus, avec le vin Sacré du sommeil éveillant les peuples. Et toi, ange du jour ! tu ne les réveillerais pas, Ceux qui à présent sommeillent encore ? Donne la loi, donne- Nous la vie, vainqueur, Maître, toi seul As droit de conquête, tel Bacchus. Non ce qui sans doute est d’ordinaire l’humaine destinée et les soucis À la maison et sous le ciel ouvert, Quand plus noblement, donc, que le fauve, l’homme se Défend et nourrit ! il s’agit donc d’une autre chose, Confiée aux soucis et au service des poètes ! Le Très-Haut, c’est cela, ce à quoi nous sommes voués, Que plus proche, à le glorifier toujours à neuf, Perçoit la poitrine amicale. Et pourtant, ô vous tous les célestes, et toutes Les sources et vous, rivages et bosquets et hauteurs, Où dès l’abord prodigieux, alors que tu Empoignais les boucles, et inoubliable L’imprévisible génie au-dessus de nous Le créatif, divinement venait, que muets Nous devinrent les sens et, tel que Touchés par l’éclair, frissonnèrent les os, Vous, actes sans trêve dans le vaste monde ! Vous, jours du destin, vous, arrachant, quand le dieu Calmement pensif en dispose, jusqu’où ivres de colère Le portent les gigantesques cavales, Sur vous devrions-nous garder silence, et si en nous De l’année constamment calme résonnait l’harmonie, Ainsi devrait-elle retentir comme s’il avait, Vaillant et désœuvré, un enfant, du Maître Touché la lyre consacrée et pure, par plaisanterie ? Et pour quoi aurais-tu, poète ! écouté les prophètes De l’Orient et le chant grec et Depuis peu le tonnerre, pour qu’enfin tu Aies besoin d’asservir l’esprit, et brusques Les biens de la présence, par moquerie, et désavoues Ces inepties, sans cœur, et pour jouer Le livres, tel un fauve captif, au négoce ? Jusqu’à ce qu’irrité par le dard en fureur il Se souvienne de l’origine et crie, que lui-même Le Maître vienne, puis sous les brûlantes Flèches de la mort te laisse inanimé. Depuis trop longtemps déjà est asservi tout le divin Et toutes les forces célestes gâchées, use Les bienfaisantes, pour le plaisir, ingrate, une Race retorse, et s’imagine-t-elle connaître, Quand pour elle le Sublime laboure le champ, La lumière du jour et le Tonnant, et les observe Bien le télescope, eux tous, et recense et Appelle par leurs noms les étoiles du ciel. Le Père cependant couvre avec la nuit sacrée, Afin que nous puissions demeurer, les yeux. Il n’aime pas la brutalité ! Pourtant ne contraint-elle Jamais, la vaste violence, ce ciel. Encore est-ce aussi bon d’être trop sage. Le connaît La gratitude. Pourtant ne peut-il facilement le retenir seul, Et volontiers se joint-il, afin qu’ils l’aident À comprendre, aux autres, un poète. Sans crainte demeure cependant, ainsi qu’il le doit, l’homme Solitaire devant Dieu, le protège la candeur, Et d’aucune arme n’use-t-il et d’aucun Artifice, aussi longtemps que l’aide le manque de dieu. (Friedrich Hölderlin, traduction française de Patrick Guillot du poème « Dichterberuf »)
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