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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2008-05-07 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt
Ce n’est pas encore l’aube dans la maison
La nostalgie est couchée à mes côtés. Elle dort, elle reprend des forces, Ça fatigue beaucoup la compagnie D’un nègre rebelle et romantique. Elle a quinze ans, ou mille ans, Ou elle vient seulement de naître Et c’est son premier sommeil Sous le même toit que mon cœur. Depuis quinze ans ou depuis des siècles Je me lève sans pouvoir parler La langue de mon peuple, Sans le bonjour de ses dieux païens Sans le goût de son pain de manioc Sans l’odeur de son café du petit matin. Je me réveille loin de mes racines, Loin de mon enfance, Loin de ma propre vie. Depuis quinze ans ou depuis que mon sang Traversa en pleurant la mer La première vie que je salue à mon réveil C’est cette inconnue au front très pur Qui deviendra un jour aveugle À force d’user ses yeux verts À compter les trésors que j’ai perdus. (René Depestre, Journal d’un animal marin, 1964)
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