comme une tempête de neige tu es venu
toi ma fortune au loin, mon tendre inconnu
tu peins sur ma fenêtre des aquarelles glacées
de sucre en morceaux dans toutes mes matinées

tu es venu les bras chargés de mots nouveaux
des papillons de crête blanchissent dans mon rideau
à mes navires noyés tu poses la fleur des voiles
et tu allumes aux quatre coins du monde les étoiles

il te faut savoir, mon beau, que je n`ai pas de richesses
je peux t`offrir seulement une âme et mon amour
en caressant de l`aube à l`aurore ton doux visage
comme une musique qui va naître dans nos jours

je suis tout simplement un oreiller d'herbe
pour toutes les nuits où tu te sens très fatigué
regarde, je viens, coulée de piano avec la lune ronde
comme un nocturne de Chopin dans tes pensées

la plume fragile d`un petit oiseau de Jaques Prévert
qui doucement frappe à ta porte sur des champs dorés
quand le soleil vient se coucher le soir sur nos épaules
troublant les velours et le parfum d`un grenier

tu fais pousser des pâquerettes au coin de ma mémoire
des îles de silence fleurissent dans mon miroir
et dans ma tête j`ai des chevaux qui passent sans arrêt
en désignant de tes doigts l`écume de mes forêts

en plein hiver tu vois les yeux ouverts je rêve trop
je pose dans mes poèmes du sucre en morceaux
je t`attendais depuis longtemps mon inconnu
comme une tempête de neige tu es enfin venu