agonia francais v3 |
Agonia.Net | Règles | Mission | Contact | Inscris-toi | ||||
Article Communautés Concours Essai Multimédia Personnelles Poèmes Presse Prose _QUOTE Scénario Spécial | ||||||
|
||||||
agonia Textes Recommandés
■ Voir son épouse pleurer
Romanian Spell-Checker Contact |
- - -
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2005-12-18 | | Adieu Aveyron! » soupiré-je Et sans crier gare ni tourner la tête Moi, Guillaume le berger, quitte sa contrée très chère « Pourquoi partir fiston? Et pour si peu? » Mots-coupe-gorge dans la bouche du padre « Et pour si peu? » quand tout le ciel s’écroule Et toutes les étoiles s’éteignent! Plus encore Chute et culbute dans le noir broyeur de rêves Dans l’abîme bouffeur d’espoir Dans le néant destructeur de toute vie! « Et pour si peu? Rien que pour une pauvre femme? » Phrases répétées en écho par la madre Deux phrases-poignards enfoncées dans mon cœur Non, je ne peux me résigner à la voir Elle, la belle Ninon, au bras d’Elzéar Le fils du notable fortuné de Millau Ce gros bêta plein de fric Ce gros lardon mi-idiot mi-débile Prétentieux et suffisant assis sur les lingots d’or Et l’immense magot de son père Non, je ne peux accepter de la voir Elle, la toujours trop belle Ninon, avec ce fils à papa Mi-chauve mi-boutonneux Désastre et désolation suprêmes Tableau quotidien de mon chagrin et de ma peine « Adieu Aveyron! »soupiré-je Les yeux hagards et la tête pleine de cauchemars Moi, Guillaume le berger, quitte mes chères collines Et laisse mes pieds bohèmes m’amener n’importe où Toujours un peu plus loin chaque jour de ma belle Ninon Toujours un peu plus loin au Sud-Ouest de ma maison N’ayant que le Tarn comme ami Et la belle étoile comme abri… Un peu au nord d’Albi près de Carmaux Égaré, affamé, amaigri et affaibli Quelque part entre les rives Du Céret, du Céroc ou encore du Cérou? Je ne m’en souviens plus Je suis tombé dans le noir à demi inconscient Ou suis-je mort? Tout est flou, léger et irréel… Puis La voix humaine d’une femme ou celle d’un ange? « Mon petiot, réveille-toi! » Plus fort encore « Allez zou petiot, réveille-toi! » Mieux que la voix d’un ange C’est la voix de madame Marcek qui me tira du néant « Ma foi, tu es tout pâlot! Maigrichon fiston, Vite allons près de mes chaudrons! » C’est madame Marcek de Rosières Qui m’ouvrit ses bras et sa demeure M’accueillant comme un de ses fils Et fit de l’oiselet maigrelet Du merlot maigriot Une caille dodue et une oie bien grasse Moi, Guillaume le berger, qui n’avait que la peau et les os Mieux encore De ma triste histoire et morne existence Madame Marcek, femme de cœur tout en fleurs M’écouta Me consola Me conseilla Et lentement mais sûrement Le temps fit son œuvre… C’est à regret et grande tristesse que je quittai Cet havre de paix et de bonheur Cet éden de Rosières Pour les Pyrénées à Luchon « Va faire le plein à Luchon, mon petiot! Peut-être, y trouveras-tu le bonheur? » M’avait-elle dit avec toute l’affection d’une mère Madame Marcek… Les semaines et les mois ont passé Moi, Guillaume le berger, je suis toujours à Luchon J’y ai déniché un travail dans une grande ferme Avec d’immenses pâturages Et mon cœur n’est plus en peine Et quelque chose me dit intérieurement Que madame Marcek a vu juste… Qu’elle avait raison de m’envoyer à Luchon… Depuis quelque temps Sur les collines voisines Une bergère du prénom de Madelon Avec sa crinière follette au vent et ses si jolis tétons Me fait rêver que mon troupeau de moutons Est un cheptel d’isards Et que moi, Guillaume le berger, je suis chamois en émoi Filant et gambadant vers elle Avec moult ritournelles et chansons « Ah! Tu danses bien Madeleine l’rigodon, Madelo T’accordes bien Madeleine du talon, Madelon. Je voudrais que la rose fût encore au rosier Et moi et ma maîtresse dans les mêmes amitiés. » Rose, rosier, Rosières… Madame Marcek avait bien raison… La belle Madelon a volé mon cœur Et je suis en train de perdre la raison et mes moutons! Perdre la boule et mes poules! (À Michèle Corti, alias Marcek, grand-mère exemplaire, fin cordon-bleu et poétesse hors pair) |
index
|
||||||||
La maison de la litérature | |||||||||
La reproduction de tout text appartenant au portal sans notre permission est strictement interdite.
Copyright 1999-2003. Agonia.Net
E-mail | Politique de publication et confidetialité