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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2005-12-17 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt Ils ont dit que c'était une fille Moi je dis que c'était la Manikoutai L'œil en feuille et la dent de coquille Telle était la Manikoutai C'était plus haut que la plaine Il fallait pour aller là La patience et l'aviron Connaissance de la chute Du portage et du courant Où et comment l'eau culbute Les oreilles de charrue Et l'eau morte et les cirés Les corps morts et les écumes Veille à gauche et veille à droite A la pince et au ballant Sans vouloir te commander Tiens-toi bien mais laisse aller Pas grande eau mais c'est assez Pour te dire qu'à l'eau douce On finit par dessaler Et ça c'était pour l'été Ils diront que c'était une femme Je dirai que c'était la Manikoutai Le dos souple et la danse dans l'âme Mais c'était la Manikoutai Fatiguée de la semaine En rapide et gros bouillons Elle faisait son dimanche En amont du quatrième Vive encore et paresseuse Avec du sable en dorure Et les beaux cailloux tout ronds A deux pas c'est une source A trois pas c'est un brûlé Le foin haut puis les framboises Les bleuets puis les béris Et le petit bois d'argent Prends ton temps prends par ta course C'est piquant puis déchirant Pas si vite assieds-toi là On va compter les cailloux Ça c'était pour le beau temps... Ils croyaient que c'était une fée Mois je dis que c'était la Manikoutai De feu, d'or et d'automne attifée Telle était la Manikoutai Aux premiers jours de gelée Elle a déjà le gros dos Les manchons puis les manteaux Tout en blanc et beau et chaud Elle a la race et la grâce Elle est de chasse et de glace Les renards et les visons Les rats musqués, les castors Le loup-cervier puis la loutre Lui font dentelle de traces Et quand la glace est trop mince Pour la tenir enfermée Elle saute la fenêtre Elle est noire et douce-froide Et c'est le froid qui la dompte À la tombée de la nuit Et c'est le temps de l'hiver... Ils croiront que c'était une amante Je dirai que c'était la Manikoutai Jeune et vieille et muette et parlante Telle était la Manikoutai C'était le temps du trappeur Et le temps des compagnies On partait le vingt octobre On revenait vingt janvier Quand un homme est à la chasse Sa blonde a des cavaliers Sont partis le même jour Mais chacun de son côté On a trouvé par les traces Qu'une fois rendus aux pièges Avaient chassé tous les deux Jusqu'à ce trou dans la neige Attention la glace est mince! Tu la salueras pour moi Non. Viens pas! Tiens-toi, j'arrive ! Les chiens sont revenus tout seuls... Ça c'était pour le printemps Ils ont dit que c'était la Julie Moi je dis que c'était la Manikoutai Ils diront qu'avec l'âge on oublie Telle était la Manikoutai
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