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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2022-05-23 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt Vers midi, quand l’été commence À gravir la montagne, Adolescent aux yeux fatigués et brûlants : Il parle aussi, Mais sa parole – nous ne pouvons que la voir. Son souffle s’exhale comme on voit par une nuit de fièvre Sourdre l’haleine d’un malade. Cimes glacées, sapins, source Lui répondent aussi, Mais nous ne pouvons que voir leur réponse. Car voici que plus vite le torrent dévale le rocher, En guise de salut, Et demeure immobile, colonne blanche frémissante De désir. Et le sapin prend un air plus sombre et plus fidèle Que jamais. Entre les glaces et les blocs mortuaires Soudain éclate un rayon… J’ai déjà l’un de ces rayons : j’en sais le sens. L’œil d’un mort aussi S’éclaire une dernière fois, Quand son enfant plein d’affliction Le serre, l’embrasse, l’étreint : Une dernière fois alors jaillit La flamme de la lumière, l’œil mort S’embrase et dit : « Mon enfant ! » Mon enfant, je t’aime, tu le sais ! » Et tout s’embrase et se met à parler – cimes glacées, Torrent, sapin – Tout dit, du regard, les mêmes mots : « Nous t’aimons ! Enfant, tu le sais, nous t’aimons, nous t’aimons ! » Et lui, L’adolescent aux yeux fatigués et brûlants Les baise, plein d’affliction, Toujours plus ardemment, Et ne peut se résoudre à partir ; Ses mots ne sont qu’un souffle, qu’un voile Sur ses lèvres Ses mots cruels : « Mon salut est un adieu ma venue est un départ, je meurs jeune. » Tout, alentour, tend l’oreille, Respire à peine : Plus un oiseau ne chante. Alors, comme un scintillement, Un frisson Parcourt la montagne. Tout, alentour, médite Et se tait… C’était à midi À midi quand l’été commence À gravir la montagne, Adolescent aux yeux fatigués et brûlants. (Friedrich Nietzsche, Poèmes et fragments poétiques posthumes, (1882-1888).
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