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Fin du monde
poèmes [ ]

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par [Anne_Hébert ]

2020-02-17  |     |  Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt




Je suis le cri et la blessure, je suis la femme à ton flanc
qu’on outrage et qu’on viole.

L’Apocalypse t’enchaîne à son char, l’horreur te lie les
mains, amour, amour, qui t’a crevé les yeux ?

Mon coeur de paix violente, je te l’avais donné, plus nu que
mon corps,

J’ai des caresses ruisselantes, la mort et les larmes sont mes
parures,

Mon âme, sous un feu si noir, sèche comme le sel, et ta soif
s’y pose, bel oiseau fou.

Amour, amour ; ni pain, ni jour, la terre flambe, l’éclair
s’étend entre nous, malédiction !

Le feu lâché, bête infinie, l’âge de la terre se rompt par le
milieu,

Tout l’horizon, bel anneau bleu, d’un seul coup, se raye à
jamais, ceinture de roc tordue. Passé, avenir abolis, règne
le présent, vaste empire des furies : l’agonie du monde se
fonde, démence au poing.

Au centre de la femme germent l’ange-poisson, la licorne
aveugle et mille fougères bistre, pour fleurir de vastes
plaines sans air, ni eau, absence aux crosses brûlées,

Toute enfance annulée, notre fils, comme du sable, file
entre nos doigts,

Souviens-toi. Encore un peu, souviens-toi ; nos mains
jointes ensemble. Souviens-toi ! L’injustice roule un flot
de boue. Tendre mémoire craque à nos tempes.

Tes yeux, tes yeux sur moi, le ciel se déchire de haut en
bas, l’effroi dessine un tableau vide,

La fièvre court en ce désert, tremble la terre, vieille échine
broyée.

Tes mains, tes mains sur mon cœur, encore un peu de
temps, un peu de temps, folle prière,

Le sang dans tes veines fait des bonds terribles, se change
en monstre, toute fureur moquée, entends ce rire énorme
secouer mille forêts abattues,

Ta bouche sur la mienne, viennent la poussière et la
cendre ; amour, amour perdu.

Haine et guerre, souviens-toi, souviens-toi, amour blessé,
quelle longue jarre fraîche à ton flanc renversée, c’était
l’été.

Grondent les hivers noirs amassés ; ta force, ta force, ami,
qui t’a désarmé, te prenant le cœur comme une fronde ?

Et toi et moi, et moi et toi, et toi avec moi ! Vivre ! Nous
sortirons de ce puits, la mort n’a pas si grand visage qu’elle
barre l’entrée à jamais.

Le silence pousse dans ma bouche comme une herbe. Tous
les mots, un jour, me furent livrés. Ne trouve que ce cri.

Maison pillée. Cœur ouvert. Dernière saison. Plus que ce
cri en plein ventre. Fontaine de sang. Cri. Qui te rappelle
en vain, amour, amour tué.

(Anne Hébert, Le jour n’a d’égal que la nuit, 1992)

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