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■ Magnolia
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2019-11-09 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt Du sommet de la tour ancienne Tu vas dans la campagne, passereau solitaire, Chantant jusqu’à la mort du jour ; Et dans ce val errent tes mélodies. Le printemps à l’entour Scintille dans les airs, exulte par les champs, Tant qu’à le voir le cœur se fait plus tendre. On entend les moutons bêler, mugir les bœufs, Heureux, d’autres oiseaux tournoient À l’envi dans le ciel libre, Célébrant le meilleur de leur temps. Mais toi, songeur, à l’écart, tu contemples ces choses ; Sans compagnons, tu ne prends pas ton vol. Que t’importe la joie, tu ne veux rien des jeux : Tu chantes, ainsi passe la fleur La plus belle de ta vie et de l’année. Hélas ! Combien ma vie ressemble À la tienne. Je n’ai cure des rires ni des jeux, Douce famille du jeune âge, Ni de toi, frère de la jeunesse, amour, Amer soupir des jours tardifs. J’ignore le pourquoi : loin d’eux Je fuis. Comme un ermite, étranger Dans le lieu même où je suis né, Je passe le printemps de l’existence Ce jour, qui déjà cède au soir, Dans notre bourg c’est jour de fête. On entend une cloche dans le ciel limpide, Souvent des fusils tonnent, Le son de ferme en ferme rebondit. Vêtue d’habits de fête La jeunesse d’ici Quitte les seuils, se répand dans les rues, Admire et se laisse admirer, réjouie dans son cœur. Pour moi, sorti Dans la campagne, seul en ces lieux écartés, Je remets à plus tard Tous jeux et tous plaisirs ; et mon regard Courant sur l’horizon Reçoit le choc du soleil qui décline après ce jour serein Puis se défait parmi les monts lointains Et semble nous redire Que se défait aussi notre jeunesse heureuse. Oiselet solitaire, voici le soir Du laps de vie que les astres t’accordent. Tu ne pleureras pas La manière dont tu vécus, car toute préférence Est voulue de la Nature. Pour moi, si rien ne me permet D’éviter l’affreux seuil de la vieillesse, Quand dans le regard d’autrui mes regards se tairont, Que le monde pour eux deviendra sans réponse Et le jour à venir plus accablant, plus sombre Que le jour d’aujourd’hui, Que penserai-je de mon désir Et de mes ans, et de moi-même ? Hélas ! je me repentirai, et tournerai souvent Mes regards en arrière, Mais je demeurerai inconsolable. (Giacomo Leopardi, Canti)
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