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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2015-03-21 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt Parmi les heures mortes et les heures présentes Parmi le jour accompli pareil à demain Parmi les racines naissantes des lendemains Parmi les racines défuntes plongeant aux mêmes sèves fortes que le pain chaud Parmi ce jour dans le soleil comme une chevelure d’or Ou dans la pluie comme un voile de veuve ou vu d’un désert ou vu entre les murs d’une rue d’hommes ou vu seul peut-être le front aux mains dans un endroit anonyme Parmi les détresses neuves et les plus vieilles joies la foule ou la solitude au choix indifférent Parmi le désir aux dents de loup Parmi le blême assouvissement dans l’éparpillement des membres mous Parmi toutes les choses possibles de l’instant qui ne seront jamais Parce que nos yeux ne se sont tournés ni à droite ni à gauche Parce que nos mains sont demeurées immobiles Parce que nos pas ne nous ont pas dirigés vers les lieux nécessaires Parce que nos cœurs n’ont pas battu avec le rythme exigé Parmi ce seul geste issu d’un passé mort Nous guidant vers les routes ne conduisant nulle part Parmi les mille doigts de l’habitude tissant en vain les liens invisibles Parmi les femmes avec des ongles tristes Et celles avec un sourire rouge Et les unes portant leur cœur comme une bannière Et les autres lissant leur ventre bombé Et chacune conservant une larme pour chaque détour du chemin Parmi les hommes joyeux et tièdes ceux des nuits obscures et confidentielles Et ceux que hantent des cathédrales Et ces dormeurs avec un espoir gisant aux carènes des vaisseaux engloutis Parmi ceux portant le meurtre comme une étoile Et ceux du Chiffre pareils à une horde de rats voraces Parmi ces muets avec une langue de feu Et parmi ces aveugles chacun dans sa nuit creusant son labyrinthe inconnu Et parmi ces sourds chacun dans son feuillage écoutant sa propre musique Et parmi ces fous qu’une funèbre beauté ronge Et parmi ces sages buvant et mangeant et aimant avec aux épaules signes identiques Parmi les hommes tous conservant un geste secret pour chaque détour du chemin Parmi tous et toutes Dans cette heure implacablement présente Dans ce jour actuel pareil à demain Nous tous les hommes seuls ou entourés Nous tous amis ou ennemis Nous tous avec la faim ou la soif ou gorgés de trésors ridicules Nous tous avec des cœurs nus comme des chambres vides Dans un même élan fraternel Parmi ce jour coulant entre les colonnes des nuits comme un fleuve clair Nous lèverons nos bras au-dessus de nos têtes Nous gonflerons nos poitrines avec des cris durs Et nous tournerons nos bras et nos cris et nos poitrines vers les points cardinaux Parmi tous et toutes ou seul avec soi-même Nous lèverons nos bras dans des appels durs comme les astres Cherchant en vain au bout de nos doigts crispés Ce mortel instant d’une fuyante éternité (Alain Grandbois, Les Îles de la nuit, 1944. Initialement publié en 1934 in Poèmes, Hankéou, Chine. Le sixième des sept poèmes de ce petit recueil de trente-deux feuillets.)
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