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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2014-01-09 | |
Illustration : au théâtre de l’être
La flamme nous aurons des miroirs qui voient venir l'orage au fond de la couleur bien à l’abri des ans nous aurons des couleurs qui retiennent notre âge au bord de la fenêtre du haut de nos douze ans nous aurons des cahiers remplis de gribouillages avec des souvenirs bien plus beaux que la vie de grands bains de minuit remplis d'embouteillages et l'amour à hurler dans le soleil verni nous aurons des cithares pour monter nos arpèges avec des terres rouges jaillissant de nos dieux avec des turbans bleus pour enserrer nos rêves qui repartent au néant de la réalité nos serons protégés par la divinité Ganesh notre âme se dénouera sur le câble d'acier elle fera quelques pointes sautillant somnambule reflet de notre mort par la flamme soufflée Marc Loy LA FLAMME, de MARC LOY, un auteur à découvrir. La « Flamme », c’est l’être de l’âme dans l’âtre de l’être, ou l’inverse, qu’importe le sens des choses quand les choses brûlent d’elles-mêmes à la lumière des jours, là où du fond de l’âtre de l’être monte comme un feu éternel, et où les mots sont scintillants comme des cendres incandescentes. La légende raconte que durant le siège de Syracuse, le grand Archimède utilisa des miroirs de bronze poli en concentrant les rayons du soleil vers les navires ennemis, afin d’enflammer les voiles de la flotte romaine. À mieux y réfléchir, cette « flamme » qui traverse l’âtre des mots et qui réchauffe le cœur serait-elle du même ordre ? Entre légende et réalité, n’avons-nous pas en nous-mêmes des mots qui peuvent être des miroirs incendiants ou des glaces apaisantes ? Marc Loy, ici le confirme, un simple poème peut être comme un collier de fleurs, un chapelet de flammèches, qu’ils soient bouddhistes ou chrétien, les grains comme les mots y éclairent nos chemins, « Par la flamme soufflée » Celle des grands souffleurs de mots ; ces rares poètes qui ont comme des mantras de cristal en bouche et tout au bout des doigts des plumes pleines d'encres vives. « Nous aurons des miroirs qui voient venir, qui retiennent » dit-il, comme pour retenir le meilleur et relier tous les hommes par des mots de lumière, des semis de tendresse, des coulées à fleur de papiers et de peaux. « Nous aurons des cahiers remplis de gribouillages avec des souvenirs bien plus beaux que la vie » souligne-t-il encore, tout plein de cette nostalgie de l’enfance qui enflamme les cœurs de chacun et de chacune ici-bas, en souvenir de nos amours blessés, à crier vers le Ciel, ou « À hurler dans le soleil verni » , mais sur ce chemin de vie, « nos serons (tous) protégés par la divinité Ganesh ». N’est-il pas dieu plus grand pour lever devant nous les obstacles des illusions et de l'ignorance ? Existe-t-il un dieu plus grand et plus humble que Ganesh pour porter la sagesse aux hommes de bonne volonté et distribuer le savoir, tracer les chemins tortueux de notre humanité souffrante, avec autant de prudence, jusqu’au seuil de la vie, là où se dénouent la spirale des âmes. « Sur le câble » toujours, celui d’une fibre optique qui transporte nos pensées alertes et nos mémoires vives, dans des miroirs « d'acier » ou de bronze plus polis que l’œil des voyants; afin que miroite au-delà de nous, au Ciel et sur la Terre, cette "Flamme" de tout être inconnu, comme un « reflet de notre mort » dans celui de nos vies. L’amour, la flamme, la mort… chaque poète à ses mots pour ses propres maux, ses obsessions à lui et ses propres clés pour nous ouvrir les portes de son univers. Ainsi, « Nous aurons des cithares pour monter nos arpèges avec des terres rouges » et « Avec des turbans bleus pour enserrer nos rêves qui repartent au néant de la réalité » Et celui de Marc Loy me touche et me parle au plus haut point, ou plutôt au plus profond de moi-même ! Oui, mot à mot, les mots et poèmes égrenés sont comme ces mâlâ, sabha ou autres tchotki hindous, musulman ou orthodoxe, c’est-à -dire comme des chapelets d’oraisons humaines déployés dans l’espace-temps comme de grandes spirales de mantras apaisantes. Car un poème qui ne serait pas comme celui-ci, tel un véritable rosaire de mots, une guirlande infinie, resterait un écrit vain et ne nous porterait pas à cette contemplation qui fait de la poésie l'acte même de toute vie. Roland Reumond |
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