Je voudrais que ses doigts se ferment sur les miens
Symboliquement renouer les anciens liens
Le prendre dans mes bras après vingt ans d'absence.
Il a dit que la rue l'avait rendu farouche
Il ne peut supporter, désormais, qu'on le touche
Je saurai, il le faut, brider mon impatience

Je vais me rapprocher sur la pointe des pieds
Retricoter peu à peu l'ancienne amitié
Je voudrais tout savoir de ce qu'il a vécu
Pour ce que j'en connais la vie ne fut pas tendre
Mais il en est sorti, malgré tout, invaincu
S'il n'est pas fier de lui , il pourrait y prétendre

J'ignore quel fut son sort au cours de ses années
Mais il s'est bien battu contre sa destinée.
Ses chansons me font mal qui clament sa souffrance.
Il avait dans le temps une jolie famille...
Comment peut-on ne pas pardonner une errance ?
Il le chante qu'il crève d'avoir perdu ses filles !

Sur ses pires cauchemars il garde le silence,
Il fait très bien cela : sauver les apparences
Il dit qu'il ne dit rien mais à la vérité
S'il cache un cœur broyé sous un humour très noir
Il faudrait que je sois frappée de surdité
Pour ne pas percevoir fêlures et désespoir !

Peut-être n'étions nous que de vagues copains
J'aurais tellement voulu qu'il nous tende la main
Je suis un peu meurtrie qu'il n'ait pas eu l'envie
D'un signe d'un appel, d'un Coucou, je suis là
Quand il était blessé, balloté par la vie
Mais il faut accepter et respecter cela

Balayées les questions, les regrets qui m'assaillent
Car voici qu'est venu le temps des retrouvailles !
Je sens chez lui mêlées émotion et pudeur
Un peu de son passé par nous lui est rendu
Il prendra ce qu'il veut, il n'est pas demandeur
J'espère qu'il les prendra nos mains, vers lui tendues.

Je voudrais que mes doigts se posent sur les siens
Je voudrais que son cœur repose sur mien.