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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2012-06-14 | |
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Ah! Si loin dans le temps Au manoir Juchereau-Duchesnay Un artiste-poète y séjournait… Son nom ? Vous vous en souvenez ? Mais bien sûr que OUI ! HECTOR DE SAINT-DENYS GARNEAU "Regards et jeux dans l'espace" Dix neuf cent trente-sept L'année même des épousailles de mes parents Entrons secrètement dans la chambre du poète Petite pièce perdue au premier étage De l'immense manoir en pierres des champs Cachée derrière le grand salon Où sa mère Hermine et son père Paul recevaient Petit âtre où l'enfant-roi se terrait Se taisait car la vaste demeure familiale aux mil tentacules Se resserrait comme une geôle Se ratatinait comme une prison Se refermait comme un cachot Se rapetissait comme un tombeau Pénétrons discrètement dans l'âme du poète Au-delà des murs du vieux manoir Au-delà de ses barreaux L'artiste s'envole vers le torrent Courant grondeur et rageur de l'Ontaritzi Ombilic entre le lac Saint-Joseph et la Jacques-Cartier En canot sur la rivière et ses îlots À pied dans les champs et forêts Havres de repos et de rêves Regards et jeux dans l'espace pur et l'air frais La liberté et la paix Et sa chère solitude Être seul enfin Et ta chambre ? Et ta maison ? Et ton manoir ? Et ta mémoire ? Et tes mémoires ? Qui racontera tes doutes ? Tes angoisses ? Tes délires ? Tes rêves ? Ton idéal ? Qui racontera ta vie ? Tes parents Paul et Hermine reposent près de toi À l'ombre de la grande croix de bronze Au cimetière paroissial " Là que l'on oublie tout ; Et là aussi que tout nous oublie " Avais-tu déjà écrit un jour Ton frère Paul et ta soeurette Pauline Nous ont quittés aussi vers d'autres cieux Seul ton frérot Jean tient haut le cap Mais pour combien de temps encore ? Ah! Si loin dans le temps Soixante-dix années ou presque se sont écoulées De Saint-Denys Garneau tu nous as quittés Ce vingt-quatre octobre 1943 Je foule tes lieux et sonde tes dieux Je scrute tes jeux et sillonne tes espaces Je regarde partout et encore En dedans et au-dehors du manoir Dans ta chambre et près de la décharge Je te cherche de l'’aurore au crépuscule Et je crie à tue-tête Et je hurle à pleins poumons " HECTOR HECTOR HECTOR OÙ TE CACHES-TU DANS TOUT CE DÉCOR ? " Est-ce que tu y dors encore ? Est-ce que tu y séjournes toujours ? De Saint-Denys où te terres-tu ? Garneau où te caches-tu ? Dans la chaufferie ou le séchoir à grains ? Le vieux moulin ? Dans les abattis au loin ? La cabane à sucre ou l'érablière ? Les bâtisses environnantes ? À l'église ou au presbytère ? Dans les bras de paysannes des alentours ? POÈTE TE VOILÀ ENFIN ! Je t'ai trouvé où ? Dans les entrailles du torrent bavard et criard De l'Ontaritzi Ta voix résonne d'’entre les pierres et rochers Ta voix jaillit du courant Ta voix est rire d'enfant Ha ! Ha ! Hi ! Hi ! Ha ! Ha ! (Au poète-artiste québécois Hector de Saint-Denys Garneau qui aurait eu 100 ans aujourd'hui, le 13 juin 2012 !)
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