un miroir calciné
fixe l'ombre du boulevard gravé à rebours
la poussière des anhydres
mâche mes doigts incandescents
immergés dans les vagues
des néons d'albâtre
qui creusent les photos croquis des murs liquides
j'écoute les soliloques d'une clepsydre vide
la rouille des draps pâles
la volupté des cages aux filaments solennels
pliées sur les cordes des soupirs
qui implorent le silence
une amnésie douce
scelle
les reflets muets des tableaux
la peau des sirènes embaumées
le murmure de mon visage
caressé au ralenti
un aria court-circuité
éclate sur les cils d'une Casiopée
blottie dans la rue platinée
ses masques en noir et blanc
glissent sur les lentilles mielleuses des caméras
tout est clair
tout est transparent
l'onde des miroirs amortit
la chasse aux épines des orchidées
rien ne bouge
l'air doré envahit mes artères
une esquisse blanche
dessine mes joues
un dôme lointain
affaiblit mon regard
dépouillé d'ombres.



photo par Christian Demare