vous n’aurez pas assez de notre sang, de notre visage
de notre envie de vivre
prenez itou le blasphème, la bestialité
la rage comme le sommeil
vous n’aurez pas assez de ceux qui jouent de l’orgue
prenez itou la barbarie sans l’orgue
prenez itou l’indolence, la médiocrité, le verre à la main
vous n’aurez pas assez de ceux qui disent oui
prenez itou les courailleurs, les abandonnés de l’amour
les femmes idiotes, les têtes vides
prenez itou ce qu’on jette à la poubelle des bonnes gens
un cadavre en vaut bien un autre
prenez la bonne brassée, mister

(Olivier Marchand, Par détresse et tendresse, Montréal, Éditions de l’Hexagone, 1971)