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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2011-05-27 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt Tout ce qu'ont dit les hirondelles Sur ce colossal bâtiment, C'est que c'était à cause d'elles Qu'on élevait un monument. Leur nid s'y pose si tranquille, Si près des grands chemins du jour, Qu'elles ont pris ce champ d'asile Pour causer d'affaire, ou d'amour. En hâte, à la géante porte, Parmi tous ces morts triomphants, Sans façon l'hirondelle apporte Un grain de chanvre à ses enfants. Dans le casque de la Victoire L'une, heureuse, a couvé ses oeufs, Qui, tout ignorants de l'histoire, Éclosent fiers comme chez eux. Voulez-vous lire au fond des gloires, Dont le marbre est tout recouvert ? Mille doux cris à têtes noires Sortent du grand livre entr'ouvert. La plus mince qui rentre en France Dit aux oiseaux de l'étranger "Venez voir notre nid immense. Nous avons de quoi vous loger." Car dans leurs plaines de nuages Les canons ne s'entendent pas Plus que si les hommes bien sages Riaient et s'entr'aimaient en bas. La guerre est un cri de cigale Pour l'oiseau qui monte chez Dieu ; Et le héros que rien n'égale N'est vu qu'à peine en si haut lieu. Voilà pourquoi les hirondelles, À l'aise dans ce bâtiment, Disent que c'est à cause d'elles Que Dieu fit faire un monument. (Marceline Desbordes-Valmore, Bouquets et prières, 1843)
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