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■ Magnolia
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2011-03-22 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt Tu croyais tout tranquille Tout apaisé Et tu pensais que cette mort était aisée Mais non, tu sais bien que j'avais peur Que je n'osais faire un mouvement Ni rien entendre Ni rien dire De peur de m'éveiller complètement Et je fermais les yeux obstinément Comme un qui ne peut s'endormir Je me bouchais les oreilles avec mon oreiller Et je tremblais que le sommeil ne s'en aille Que je sentais déjà se retirer Comme une porte ouverte en hiver Laisse aller la chaleur tendre Et s'introduire dans la chambre Le froid qui vous secoue de votre assoupissement Vous fouette Et vous rend conscient nettement comme l'acier Et maintenant Les yeux ouverts les yeux de chair trop grand ouverts Envahis regardent passer Les yeux les bouches les cheveux Cette lumière trop vibrante Qui déchire à coups de rayons La pâleur du ciel de l'automne Et mon regard part en chasse effrénément De cette splendeur qui s'en va De la clarté qui s'échappe Par les fissures du temps L'automne presque dépouillé De l'or mouvant Des forêts Et puis ce couchant Qui glisse au bord de l'horizon À me faire crier d'angoisse Toutes ces choses qu'on m'enlève J'écoute douloureux comme passe une onde Les chatoiements des voix et du vent Symphonie déjà perdue déjà fondue En les frissons de l'air qui glisse vers hier Les yeux le coeur et les mains ouvertes Mains sous mes yeux ces doigts écartés Qui n'ont jamais rien retenu Et qui frémissent Dans l'épouvante d'être vides Maintenant mon être en éveil Est comme déroulé sur une grande étendue Sans plus de refuge au sein de soi Contre le mortel frisson des vents Et mon coeur charnel est ouvert comme une plaie D'où s'échappe aux torrents du désir Mon sang distribué aux quatre points cardinaux. (Hector de Saint-Denys Garneau, Regards et jeux dans l’espace, 1937)
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